Une centenaire allemande qui s’est vu refuser de passer l’oral de sa thèse en 1938 pendant le règne nazi, a pu y parvenir après presque huit décennies plus tard…
A 102 ans, Ingeborg Rapoport, pédiatre de profession, a finalement pu soutenir sa thèse avec succès devant un comité académique mercredi à Berlin, a rapporté le Wall Street Journal et suivi par State. Ce qui fait d’elle la personne la plus âgée à avoir obtenu son doctorat et verra surement son nom entrer dans le Guiness des records. Elle obtiendra son certificat de diplôme le 9 Juin prochain lors d’une cérémonie prévue.
En effet, il lui aura fallu attendre et persévérer pendant plus de 77 ans car en 1938, durant le IIIè Reich, où elle n’avait alors que 25 ans, elle s’est vu empêcher de présenter et de défendre sa thèse à l’oral pour des "raisons raciales" parce qu’elle est née d’une mère juive. Le journal américain rappelle que d’autres "non-aryens" ont été victimes d’exclusions dans les universités allemandes à cette époque et que plusieurs auraient péri dans les camps de la mort.
Sa thèse : elle l’aura constamment soutenue
S’étant spécialisée dans la néonatalogie, l’étude des nouveaux nés, elle a préparé en 1938 sa thèse sur diphtérie. Cette maladie infectieuse qui dans ce temps faisait ravage et causait beaucoup de décès chez les enfants que ce soit en Europe ou même aux Etats-Unis. Mais comme elle descend d’une race juive, elle ne pourra point soutenir. Elle a raconté que ses copies étaient toutes barrées d’une ligne jaune précisant : "ne peut pas passer l’examen oral".
Ténacité et parcours atypique : les secrets d’une telle réussite
En 1938, sous son nom de jeune fille Ingeborg Syllm, elle a quitté seule et sans argent l’Allemagne pour aller s’installer aux Etats-Unis. Après quelques stages, elle réussit enfin à intégrer une faculté de médecine située à Philadelphie. "J’ai eu beaucoup de chance, et peut-être de la ténacité" s’est-elle expliquée. La suite fut une succession des belles réalisations puisqu’un peu plus tard elle est devenue médecin dans un hôpital de Cincinatti où elle rencontre son mari et monte à la tête de la polyclinique pédiatrique.
En 1950, elle revient sur le vieux continent avec ses quatre enfants ainsi que son mari. Après deux années, ils s’installent à Berlin où elle réussit à fonder une clinique de néonatalogie quelques années plus tard.
Le temps qui passe lui a finalement conduit à sa consécration puisqu’un jour un collègue de son fils Tom a raconté au doyen de l’université d’Hambourg son histoire. Ce dernier a pris son dossier en main. Même si la réalisation de sa soutenance de thèse a été parsemée d’embuches, l’oral a bel et bien eu lieu mercredi à son domicile, dans son salon avec un jury composé du doyen en question et de deux professeurs.
Verdict :
C’est haut la main et avec la manière que la pédiatre centenaire allemande Ingeborg Rapoport a réussi cette épreuve. Comme l’atteste le doyen "Le test a été très bon" avant de terminer par "Frau Rapoport a acquis des connaissances notables sur ce qui s’est passé depuis lors. Particulièrement au vu de son âge, elle a été brillante".