Alors que la presse internationale rend hommage aux victimes de la fusillade au siège de Charlie Hebdo, une tribune du rédacteur en chef du Financial Times fait polémique mais est très vite ravisée.
"Deuil", "barbarie", "terror", "dark day"... Les journaux français et étrangers de ce jeudi 8 janvier affichent à la Une leur émotion, leur soutien mais aussi leur détermination après l’attentat à Charlie Hebdo. Pour beaucoup, le journal satirique et devenu symbole du combat pour la liberté d’expression. Pour certains, c’est l’occasion de rappeler à l’ordre la ligne éditoriale du journal satirique.
Comme le rapporte Le Figaro, le quotidien économique britannique, Financial Times (FT), a offert une large couverture au drame qui s’est produit. Outre les faits relatifs au drame, le FT a proposé un retour en arrière sur l’historique de Charlie Hebdo, l’attentat dont il avait été victime en 2011 et même l’appel par certains responsables politiques un an plus tard à "ne pas jeter de l’huile sur le feu".
Mais c’est dans un autre édito, sur les conséquences politiques potentielles de l’attentat, que le journaliste Tony Barber, rédacteur en chef Euroupe du quotidien, a glissé une phrase qui a fait couler beaucoup d’encre. S’il condamne évidemment avec la plus grande fermeté les terroristes, il critique aussi l’hebdomadaire satirique, ainsi que le journal danois Jyllands-Posten, qui avait publié une caricature du prophète en 2005.
"La France est le pays de Voltaire mais trop souvent l’irresponsabilité éditoriale a prévalu chez Charlie Hebdo", écrit-il dans sa tribune. "Il ne s’agit pas le moins du monde d’excuser les meurtriers, qui doivent être attrapés et punis, ou de suggérer que la liberté d’expression ne devrait pas s’appliquer à la représentation satirique de la religion", a-t-il ajouté avant de poursuivre : "mais seulement de dire que le bon sens commun serait utile dans des publications telles que Charlie Hebdo, ou le journal danois Jyllands-Posten, qui prétendent remporter une victoire pour la liberté en provoquant des musulmans, alors qu’en réalité ils sont seulement stupides".
Une critique pour le moins maladroite après un tel drame qui a valu à son auteur une volée de commentaires indignés. La phrase polémique a été supprimée dans la journée. "L’article a été actualisé, cela fait partie du processus éditorial", a justifié Darcy Keller, une représentante du journal. Mais si le texte est resté en ligne dans une version remaniée, l’originale a continué de circuler sur les réseaux sociaux. Des membres de la rédaction du Financial Times se sont défendus de tout malentendu sur Twitter, répétant que la tribune exprimait une opinion personnelle et non de celle du journal.