Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a barré jeudi la route aux ultras du Likoud en obtenant que l’écrasante majorité de son comité central se prononce lors d’un vote pour un report des élections internes aux postes clefs du parti.
JERUSALEM (AFP) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a barré jeudi la route aux ultras du Likoud en obtenant que l’écrasante majorité de son comité central se prononce lors d’un vote pour un report des élections internes aux postes clefs du parti.
Selon le dépouillement définitif des urnes, pas moins de 77% (BIEN 77) des 2.525 membres du comité central ont décidé d’amender la charte de la grande formation de droite de M. Netanyahu et permis ainsi que ces élections internes se déroulent en fin 2011 et non en mai comme prévu.
Pour imposer son point de vue, le Premier ministre devait rallier les deux-tiers des suffrages exprimés. Le scrutin a pris fin mercredi à 22H00 locales (19H00 GMT) dans 32 bureaux de vote.
"C’est un succès important, qui prouve que le Likoud est un parti sérieux", s’est félicité M. Netanyahu.
Grâce à sa victoire sur cette question apparemment "technique", M. Netanyahu s’est en fait pour l’heure épargné une confrontation qui aurait inéluctablement abouti à la montée en force du courant ultranationaliste pro-colonisation au sein du Likoud.
Cette mouvance est incarnée par Moshé Feiglin et par les ministres et députés "durs" de son parti, qui le soupçonnent de vouloir faire des concessions aux Palestiniens sous la pression du président américain Barack Obama.
Pour arracher la victoire, M. Netanyahu a déployé les grands moyens en multipliant ces derniers jours à travers le territoire israélien les meetings avec des membres du comité central du Likoud.
Il a ainsi pris le risque de mettre tout son poids dans la bataille. "Obtenir une telle majorité (deux tiers des suffrages exprimés) lors d’un vote à bulletins secrets constitue une mission presque impossible, cela va être très, très dur", a-t-il lui même convenu avant l’épreuve.
Pour un analyste, "en s’engageant à fond sur ce vote, le Premier ministre s’est laissé aller à l’hystérie comme si son pouvoir était en jeu, ce qui n’est pas le cas. Il a ainsi offert un tremplin inespéré à Moshé Feiglin", sa "bête noire".
"Nous ne pouvons pas permettre que le chef de notre parti de droite transfère ses suffrages à la gauche", a déclaré M. Feiglin après avoir pris connaissance de sa défaite.
Fervent partisan du Grand Israël, ce colon religieux de 48 ans, ancien activiste d’extrême droite qui a jadis purgé six mois de prison pour "rébellion contre l’Etat", est entré au Likoud en vue de le noyauter.
Il est parvenu à se faire élire il y a huit ans au sein du comité central avec 200 de ses partisans. A la tête de son "Mouvement pour un leadership juif", il a ensuite obtenu en 2006 un quart des suffrages face à Benjamin Netanyahu lors des primaires qui ont désigné le chef du parti.
M. Feiglin, qualifié de "corps étranger au Likoud" par Benjamin Netanyahu, n’est pas le seul opposant à la ligne Netanyahu. Des caciques du parti, comme Sylvan Shalom, vice-Premier ministre, qui ne s’est pas prononcé sur ce vote publiquement, et des députés de l’aile droite du Likoud, comme Danny Danon, lui reprochent d’avoir été le premier leader du Likoud à accepter l’idée d’un Etat palestinien et d’avoir décrété un moratoire de dix mois dans la construction des logements à l’intérieur des colonies juives de Cisjordanie.
Ce gel est sensé s’achever fin septembre, mais ils le soupçonnent notamment d’être prêt à faire un "geste" sur Jérusalem-Est —annexée par Israël en 1967— pour complaire à Barack Obama sous la forme d’un coup de frein aux mises en chantiers dans la partie arabe de la Ville sainte, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat.