Une nouvelle maladie, dont les symptômes sont très proches de ceux du Sida, a été détectée en Asie, suscitant l’inquiétude du milieu scientifique.
La nouvelle maladie, qui n’a pas encore de nom, a été détectée en Asie par des chercheurs thaïlandais, taïwanais ainsi que des Américains du laboratoire des allergies et des maladies infectieuses du Maryland.
Une première étude épidémiologique a permis de découvrir que cette pathologie totalement inconnue présente des « symptômes similaires à ceux du sida ».
Cette maladie, qui suscite l’inquiétude du milieu scientifique, se manifeste par « une brusque déficience immunitaire » chez des personnes qui ne sont pourtant pas porteuses du virus du Sida. Comme les malades du Sida, les personnes atteintes se trouvent brutalement dans l’incapacité de lutter contre les infections.
La seule grande différence avec le syndrome d’immunodéficience acquise, cette maladie n’est pas contagieuse, c’est-à-dire, elle ne se transmet pas par le biais d’un virus. De plus, « l’inconnue » ne serait pas héréditaire car les personnes touchées ne présentent aucun lien de parenté.
Ces six derniers mois, une centaine de patients ont été recensés, pour la plupart d’origine asiatique et âgés d’une cinquantaine d’années.
D’après les chercheurs, certains adultes infectés tombent soudainement malades et décèdent d’infections foudroyantes. Après examen, il a été constaté que leur organisme semble s’attaquer à ses propres ‘interférons’, un anticorps qui protège contre certains virus, bactéries et autres parasites, voire contre des cellules cancéreuses.
A entendre le docteur Sarah Brown, qui fait partie de l’équipe de chercheurs travaillant à Taïwan et en Thaïlande, cette étrange maladie découverte sur le continent asiatique a sûrement fait beaucoup plus de victimes que l’on puisse imaginer.
Les premiers cas auraient été décelés depuis 2004. Il y aurait eu des centaines, voire des milliers de patients qui ont pu faire l’objet de « méprises de diagnostic ». Leur maladie étant inconnue, ils auraient pu être considérés comme malades de tuberculose, selon les scientifiques.
Pour l’heure, nul ne sait si cette maladie va se répandre dans le monde et devenir un redoutable fléau comme le Sida. En l’état actuel des recherches, cette perspective intrigue les spécialistes de la virologie et de l’immunologie.
« C’est un enjeu passionnant, et ce n’est pas la première maladie auto-immune dont l’on ne comprend pas l’origine ! », commente le professeur Didier Raoult, directeur de l’unité de recherche en maladies infectieuses et tropicales émergentes (Urmite) de Marseille. Le chercheur français a cité « l’un des exemples les plus connus, le lupus (ndlr, dont le nom vient des lésions dermatologiques qu’elle provoque au visage, en forme de masque de loup ». Cette autre maladie émergente a donné lieu à de dizaines de milliers de travaux mais qui demeure un mystère.
Concernant la nouvelle maladie qui fait son apparition en Asie, le professeur Didier Raoult détaille l’ampleur du travail qui attend les chercheurs : « L’étude est pour nous le début d’une histoire. Pour l’instant, nous avons la description de quelque chose, alors on va tâcher d’évaluer sa gravité, son ampleur, son mode de déclenchement, de savoir si elle est spécifique à cette région d’Asie ou si on la rencontre partout dans le monde, de savoir si elle a fait des morts, etc. Et comme en plus, il y a des chances que l’on puisse y trouver un traitement, c’est fantastique », argumente-t-il.
A son niveau, une enquête épidémiologique est prévue. « Nous allons mener des tests auprès de personnes montrant les mêmes symptômes et non porteurs du VIH, pour savoir s’il y a des cas en France », explique Didier Raoult.
Se voulant rassurant, le scientifique invite l’opinion à ne pas céder à la panique. « Chaque époque a ses peurs, et lorsqu’on ne peut expliquer quelque chose, dans notre société où l’on veut tout expliquer, on fait souvent de ces peurs des causes de maladies », conclut-il.
Source : Le Parisien