Après une bataille judiciaire de plusieurs décennies, Iwao Hakamada, un Japonais de 88 ans, a été disculpé après cinquante ans d’erreur judiciaire. Ce cas soulève des questions profondes sur le système judiciaire japonais et la peine de mort dans le pays.
Après avoir passé plus de la moitié de sa vie dans l’angoisse de la mort, Iwao Hakamada a enfin vu son calvaire prendre fin. Condamné à tort, l’octogénaire a été blanchi 56 ans après les faits.
En 1966, Iwao Hakamada avait été reconnu coupable pour le meurtre de son patron et de trois membres de sa famille. Deux ans plus tard, la justice a décidé de le sanctionner à une peine de mort. Pendant 46 ans, il a enduré 46 années d’attente dans le couloir de la mort, dans des conditions éprouvantes, avant d’être libéré en 2014. À l’époque, il n’a pas encore été acquitté. Ce n’est qu’en 2024, après un nouveau procès en révision, que le tribunal de Shizuoka a enfin reconnu son innocence.
L’affaire Hakamada est devenue un véritable emblème des partisans de l’abolition de la peine de mort au Japon. Ce pays reste l’un des rares à appliquer encore cette sentence, souvent par pendaison, avec des procédures jugées inhumaines. Les soutiens de Hakamada, dont sa sœur Hideko, ont dénoncé les interrogatoires brutaux qui ont conduit à ses aveux initiaux. Ses avocats ont aussi révélé que des preuves avaient probablement été créées pour la police légitimer son interpellation.
Le cas Hakamada démontre les dysfonctionnements graves dans le système judiciaire japonais. Le processus de révision de son procès a été long et ardu. Malgré des doutes sur les preuves utilisées lors des premières condamnations, les procureurs ont insisté à réclamer la peine de mort, renforçant le sentiment d’injustice autour de cette affaire. Les espoirs d’Iwao Hakamada de voir son nom laver avaient été ravivés en 2014, lorsque des tests ADN avaient mis en évidence des incohérences dans le dossier. Il a obtenu la liberté provisoire à l’époque. Alors qu’un nouveau procès semblait prometteur en 2020, les réquisitions du parquet ont une nouvelle fois mis en péril ses chances d’acquittement.
Durant sa longue attente dans le couloir de la mort, le Japonais a été confronté à une épreuve psychologique d’une intensité inimaginable. L’isolement prolongé et la menace de l’exécution qui planait en permanence, ont laissé des séquelles profondes sur sa santé mentale. Sa sœur, Hideko, a souligné l’impact dévastateur de ces longues années d’incertitude. Les experts s’accordent à dire que de telles expériences peuvent entraîner des troubles anxieux sévères, des dépressions profondes et même des troubles de la personnalité.
Le combat mené par sa famille et ses avocats a été acharné, mais ils espèrent désormais pouvoir tourner la page.