Un homme a exécuté sa fille à la kalachnikov fin avril dans un village isolé d’Afghanistan. La victime âgée d’une vingtaine d’années était jugée coupable de « crime d’honneur ».
C’est devant un parterre de 300 villageois que le père de famille a fait feu. Après une prière funèbre prononcée par un mollah, il a tiré trois balles de Kalachnikov contre sa propre fille. La victime, prénommée Halima, était accusée d’avoir déshonoré sa famille après s’être enfuie du domicile conjugal avec un cousin.
Cette nouvelle affaire de crime d’honneur a provoqué l’indignation en Afghanistan, et même au-delà du pays. Selon Amnesty International, l’exécution a été perpétrée le 22 avril dernier à Kookchaheel, un village reculé du nord-ouest d’Afghanistan.
Originaire de la province afghane de Baghdis, Halima aurait quitté l’Iran en compagnie d’un cousin, laissant derrière elle son mari, le père de ses deux enfants. Mais deux jours plus tard, le cousin l’a abandonnée. C’est ainsi que la jeune femme a été retrouvée par son père et ramenée chez ses parents.
« Mais les gens ont commencé à parler au village de ce qui était arrivé et un neveu du père, un religieux enseignant le Coran dans une école, lui a dit que sa fille devait subir la peine capitale », raconte le chef de la police provinciale, Sharafuddin Sharaf.
Le père de Halima a alors décidé d’exécuter la terrible sentence devant le village entier et la scène a été filmée, selon une militante des droits de l’Homme de Baghdis, qui a dit avoir vu la vidéo en question.
« Halima y est agenouillée et porte un long tchador. Un mollah prononce la prière funèbre puis son père, placé derrière elle, tire trois balles avec une kalachnikov à environ 5 mètres de distance », a décrit la militante, qui a requis l’anonymat par crainte de représailles. « Son frère vient ensuite constater sa mort et éclate en sanglots », a-t-elle relaté.
« On nous a dit qu’un taliban influent dans la région avait demandé aux mollahs de la condamner à mort. Le conseil religieux a d’abord opté pour la lapidation, mais comme le cousin est en fuite, il a été décidé de l’exécuter par balles », a poursuivi la défenseure des droits de l’Homme, qui dit ignorer le sort du cousin en fuite.
Selon la militante de Badghis, le mari d’Halima était contre cette exécution et avait même tenté de rentrer au village pour empêcher qu’elle soit commise, mais c’était trop tard.
La police de Bagdhis a indiqué s’être rendue dans le village mais deux jours après le drame, et sans pouvoir arrêter le père d’Halima et sa famille, qui avaient pris la fuite. « Nous essayons de les arrêter mais c’est une zone instable jouxtant la province d’Hérat où les talibans sont actifs », a expliqué le chef de la police provinciale.
« Les violences contre les femmes continuent d’être endémiques en Afghanistan et ceux qui en sont responsables sont rarement traduits en justice », a déploré Amnesty International.