Deux hommes sud-coréens ont passé plusieurs années dans des camps de travaux forcés en Corée du Nord. La justice à Séoul a sommé Kim Jong Un de les dédommager.
Un tribunal sud-coréen a sommé le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, de dédommager deux anciens prisonniers de guerre, mardi 7 juillet. Ces derniers ont été contraints de faire des travaux forcés dans le Nord, durant des décennies. Le journal Le Figaro rapporte que c’est la première fois qu’une justice sud-coréenne exerce sa compétence sur Pyongyang, selon une association de soutien aux plaignants.
M. Han, 87 ans et M. Ro, 90 ans ont confié qu’ils ont été prisonniers lors de la guerre de Corée de 1950 à 1953. Le conflit s’était terminé sur un armistice et non un traité de paix, alors les deux hommes n’ont jamais été rapatriés. Ainsi, ils ont effectué des travaux forcés, notamment dans des mines de charbon, pendant plusieurs décennies. En passant par la Chine, M. Ro avait pu retourner dans le Sud en 2000 et M. Han un an plus tard.
En 2016, ils ont déposé plainte en affirmant avoir subi "d’importants dommages mentaux et physiques" en Corée du Nord. A l’Agence France Presse, une porte-parole du tribunal de Séoul a indiqué que la justice a ordonné à Kim Jong Un, de verser à chacun 21 millions de wons (15 500 euros).
Une association de soutien aux deux hommes a indiqué qu’ils prendraient des mesures légales pour faire saisir des biens nord-coréens sous contrôle de Séoul, comme les droits d’auteur de la télévision d’Etat nord-coréenne.
Des données concernant la guerre ont été conservées par le Mémorial de la guerre de Corée à Séoul. Quelque 170 000 Nord-Coréens et Chinois étaient prisonniers dans les camps des forces de l’ONU dirigées par les Etats-Unis tandis que 100 000 soldats sud-coréens et de l’ONU étaient détenus par le Nord, à la fin de la guerre. Pourtant, après l’armistice, seuls 8 343 Sud-Coréens ont été rapatriés, selon le gouvernement du Sud.
Ce problème est régulièrement soulevé par la Corée du Sud, mais le Nord a toujours affirmé qu’aucun soldat du Sud n’est détenu contre son gré. Par ailleurs, des associations ont indiqué que près de 80 prisonniers de guerre sud-coréens ont réussi à s’échapper du Nord pour rentrer au Sud en 2000 et 2001.
Après l’annonce de ce verdict, les avocats représentants les deux plaignants se sont félicités de ce jugement. Selon eux, pour la première fois un tribunal sud-coréen a "exercé sa compétence" à l’encontre "des actes illégaux commis par Kim Jong Un".
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