Michal Krumphanzl/AP/SIPA
Le nombre d’exécutions dans le monde a atteint un niveau record depuis 2015, selon Amnesty International. Ce bilan alarmant, dominé par l’Iran et l’Arabie saoudite, relance le débat sur l’usage de la peine capitale comme outil de répression.
L’espoir d’un recul mondial de la peine de mort semblait se renforcer ces dernières années, mais 2024 a marqué un tournant inquiétant. D’après Amnesty International, 1 518 exécutions ont eu lieu dans 15 pays cette année, soit une augmentation de 32 % par rapport à 2023. Et ce chiffre ne prend même pas en compte les milliers d’exécutions estimées en Chine, "qui reste le pays ayant procédé au plus grand nombre d’exécutions au monde".
Ce sombre bilan ramène le nombre d’exécutions à un niveau du jamais vu depuis 2015, où 1 634 exécutions avaient été recensées. Cette hausse préoccupe les défenseurs des droits humains, qui craignent un recul global des efforts pour abolir la peine capitale.
Selon les chiffres relayés par les médias, l’Iran est responsable de 64 % des exécutions mondiales. Au moins 972 personnes ont été exécutées, parfois pour des délits liés à la drogue ou pour leur participation à des manifestations. Amnesty souligne même l’exécution de personnes souffrant de troubles mentaux. En Arabie saoudite, les chiffres ont doublé en un an, passant de 172 à 345 mises à mort, souvent par décapitation. Le châtiment touche des manifestants chiites, opposants politiques ou accusés de crimes liés à la drogue. En Irak, le nombre d’exécutions a quadruplé, reflétant une reprise autoritaire déguisée sous l’apparence de la justice.
Amnesty International accuse certains États d’utiliser la peine de mort comme moyen de dissuasion politique ou pour "punir". L’ONG souligne que ces pratiques violent le droit international, qui limite la peine capitale aux crimes les plus graves. Alors que les infractions liées à la drogue représentent encore plus de 40 % des exécutions mondiales, l’ONG dénonce des condamnations injustes et arbitraires, notamment pour des infractions non violentes.
Malgré cette hausse dramatique, Amnesty a précisé que seuls 15 pays ont appliqué la peine de mort en 2024, un chiffre historiquement bas. À ce jour, 145 nations ont aboli ou cessé d’appliquer cette mesure. Si un mouvement global progresse, il reste freiné par quelques puissances inflexibles, comme les États-Unis, qui ont procédé à 25 exécutions l’année dernière.
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