Benigno Aquino, fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino, largement en avance dans les sondages et grand favori de l’élection présidentielle de lundi aux Philippines, a mis en garde vendredi contre la fraude qui pourrait le priver de la victoire.
MANILLE (AFP) - Benigno Aquino, fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino, largement en avance dans les sondages et grand favori de l’élection présidentielle de lundi aux Philippines, a mis en garde vendredi contre la fraude qui pourrait le priver de la victoire.
Selon l’ultime sondage publié à trois jours du scrutin, "Noynoy" Aquino, recueille 42% des intentions de vote, soit quatre points de plus que dans la précédente enquête d’opinion réalisée à la mi-avril.
Le sénateur Aquino devance largement ses deux rivaux, Manuel Villar, sénateur d’opposition et milliardaire dont la cote s’effrite à 19%, et l’ex-président Joseph Estrada, renversé en 2001 puis gracié en 2007 après une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité pour corruption, crédité de 20% d’intentions de vote.
"Nous sommes très reconnaissants à la population. Les électeurs comprennent la validité de notre message et se rendent compte que nous sommes sincères", a a déclaré M. Aquino.
"(Mais) ceux qui ont l’intention de tricher risquent d’être encore plus actifs...nous devons être encore plus déterminés à faire triompher lundi la volonté populaire", a ajouté le candidat du Parti libéral (LP).
Le sondage réalisé en début de semaine est le dernier à être publié avant les élections de lundi, où plus de 50 millions de Philippins doivent désigner parmi 9 candidats le successeur de Gloria Arroyo, qui ne pouvait pas se représenter.
Le futur chef d’Etat d’une démocratie de 90 millions d’habitants, sera élu à l’issue d’un unique tour de scrutin à la majorité simple.
M. Aquino, qui devait tenir vendredi soir son dernier meeting à Manille, répète que sa plus grande inquiétude réside dans les risques de fraude, accentués par les doutes concernant la fiabilité du vote électronique utilisé pour la première fois dans le pays.
Mercredi, un porte-parole de la présidence a appelé à reporter le vote, alors que des problèmes techniques liés aux cartes mémoires sont apparus en début de semaine, empêchant les machines de vote de lire correctement les noms des candidats sur les bulletins.
Le même jour, la commission électorale, sans toutefois totalement convaincre, a assuré que les cartes mémoires des quelque 80.000 machines de vote seraient remplacées à temps et que les élections se dérouleraient comme prévu.
Mais M. Aquino, comme les autres candidats, craint que ce vote électronique, visant à réduire une fraude endémique dans l’archipel, ne se solde par un échec et réclame en parallèle un décompte manuel.
"Si les gens ont les moyens de voter et que leurs votes sont correctement comptabilisés, alors je pense que je l’emporterai", a assuré vendredi M. Aquino, laissant ainsi entendre que le risque de fraude était bien présent.
M. Estrada a de son côté saisi vendredi la Cour suprême, demandant le report de l’élection pour régler les problèmes techniques mais sa requête a été rejetée.
A 50 ans, Benigno Aquino, dont les détracteurs raillent le manque de charisme et le maigre bilan en 11 ans de présence au Sénat et au Congrès, tire profit de l’héritage politique de ses parents, vénérés comme des héros de la démocratie.
Il est le fils de Benigno Aquino Sr, chef de l’opposition, assassiné à son retour d’exil par des hommes de main du dictateur Ferdinand Marcos, lui-même renversé en 1986 à la suite d’un vaste mouvement populaire.
Sa mère, "Cory" Aquino est alors portée au pouvoir et rétablit la démocratie.
Lundi, à l’issue d’une campagne marquée par la violence avec près d’une centaine de morts, les Philippins doivent également désigner leur vice-président, 250 députés, 12 des 24 sénateurs, les gouverneurs des 80 provinces ainsi que près de 18.000 élus locaux et provinciaux.