Les candidats à l’élection présidentielle de lundi aux Philippines profitaient samedi de la dernière journée officielle de campagne pour convaincre les indécis tandis que les autorités étaient engagées dans une course contre la montre pour livrer les machines de vote à temps.
MANILLE (AFP) - Les candidats à l’élection présidentielle de lundi aux Philippines profitaient samedi de la dernière journée officielle de campagne pour convaincre les indécis tandis que les autorités étaient engagées dans une course contre la montre pour livrer les machines de vote à temps.
Trois mois d’une intense campagne s’achèvaient à minuit alors qu’un grandissime favori se détache, Benigno Aquino, fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino, qui, à en croire les sondages, devrait largement l’emporter lundi.
"L’aube est proche... Le peuple a faim d’un nouveau président", a déclaré "Noynoy" (petit garçon) Aquino, vendredi soir, devant plus de 10.000 partisans rassemblés à Manille pour son ultime meeting.
Sous une chaleur accablante dépassant les 35 degrés, dans un immense show de plus de 6 heures achevé bien après minuit, chanteurs et vedettes de cinéma ont encore un peu plus chauffé la foule.
Une femme-ange est même descendue sur scène, assurant qu’elle était envoyée par "Cory" Aquino, icône de la démocratie, décédée en août dernier d’un cancer.
Les deux principaux rivaux du sénateur Aquino, l’ancien président Joseph Estrada et le sénateur Manuel Villar, tenaient également meeting au même moment.
M. Aquino a conclu sa campagne samedi dans le fief familial de Tarlac, à une centaine de kilomètres au nord de Manille, là même où il l’avait lancée le 9 février.
Lundi, près de 50 millions d’électeurs philippins doivent désigner leur président et leur vice-président, ainsi que 250 députés, 12 des 24 sénateurs et près de 18.000 élus provinciaux et locaux.
Selon l’ultime sondage publié vendredi, M. Aquino recueille 42% des intentions de vote, loin devant MM. Estrada (20%) et Villar (19%).
Plusieurs personnalités tenteront de décrocher un siège au Congrès (chambre basse), dont le boxeur Manny Pacquiao, considéré comme le meilleur boxeur du monde, soutenu par Manuel Villar. L’ancienne Première dame Imelda Marcos brigue également un siège, tout comme la présidente sortante Gloria Arroyo.
Au terme d’une campagne assombrie par des violences et la mort d’une centaine de personnes, dont deux encore vendredi dans le centre du pays, un autre sujet ne manque pas d’inquiéter : celui des machines de vote électronique utilisées pour la première fois dans cette démocratie de 90 millions d’habitants.
Mercredi, un porte-parole de la présidence a appelé à reporter le vote, alors que des problèmes techniques liés aux cartes mémoire sont apparus, empêchant les machines de la société Smartmatic de lire correctement les noms des candidats sur les bulletins.
Le même jour, la commission électorale a assuré, sans toutefois totalement convaincre, que les cartes mémoire des quelque 80.000 machines qui comptent et transmettent les résultats, seraient remplacées à temps.
Mais M. Aquino, comme les autres candidats, craint que ce vote électronique, visant à réduire une fraude endémique dans l’archipel, ne se solde par un échec, laissant peser un doute sur la fiabilité des décomptes.
Un responsable de la commission électorale, Gregorio Larrazabal, a assuré samedi que la grande majorité des cartes reformatées arriveraient à temps pour un ultime test réalisé dimanche.
Et même si dans cet immense archipel de 7.000 îles, certaines cartes ne sont pas livrées, cela n’empêchera pas les gens de voter, a-t-il assuré, les bulletins étant alors comptés dès que les cartes seront arrivées.
"Ce qui est important, c’est que les gens votent. Les cartes mémoire pourront être livrées après coup", a-t-il déclaré.
Les Philippins pourront en tout cas profiter d’un dimanche au calme avant l’agitation de lundi. La vente d’alcool est proscrite dans le pays à partir de samedi minuit, tout comme la propagande électorale.