Benigno Aquino, 50 ans, nettement en tête selon des résultats encore partiels, se dirigeait mardi vers l’un des plus larges succès à ce jour lors d’une élection présidentielle aux Philippines, l’un des candidats rivaux ayant déjà reconnu sa "victoire".
MANILLE (AFP) - Benigno Aquino, 50 ans, nettement en tête selon des résultats encore partiels, se dirigeait mardi vers l’un des plus larges succès à ce jour lors d’une élection présidentielle aux Philippines, l’un des candidats rivaux ayant déjà reconnu sa "victoire".
"Le peuple philippin a décidé. Je félicite le sénateur Noynoy Aquino pour sa victoire", a déclaré le sénateur Manuel Villar, en 3e position selon les résultats partiels, lors d’une conférence de presse télévisée.
M. Aquino, 50 ans, recueillait un peu plus de 40% des suffrages, alors que 30,4 millions de votes avaient été dépouillés sur un peu plus de 50 millions d’électeurs inscrits, a indiqué la commission électorale dans la matinée.
Son plus proche rival, l’ancien président Joseph Estrada, était largement distancé, avec 25,4% des suffrages.
Le président philippin est désigné à l’issue d’un unique tour de scrutin à la majorité simple.
"Noynoy" Aquino est le fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino et de son mari Benigno "Ninoy" Aquino, assassiné à son retour d’exil, tous deux révérés pour avoir conduit le rétablissement de la démocratie aux Philippines dans les années 80, après la dictature de Ferdinand Marcos.
Pour la première fois, le pays a utilisé lundi un système de vote électronique, qui a connu quelques accrocs techniques mais a sensiblement raccourci le décompte des voix qui pouvait prendre plusieurs semaines par le passé.
Les élections ont une fois de plus été marquées par des violences, avec la mort d’au moins 10 personnes lundi. Six autres personnes, dont des soldats, ont été tuées mardi à Mindanao (sud) dans une embuscade tendue par les rebelles communsites de la Nouvelle armée du peuple (NPA), selon l’armée.
La commission électorale et l’armée ont néanmoins affirmé lundi que ces élections avaient été une réussite. "Les élections resteront dans l’histoire de notre pays parmi les plus pacifiques et les mieux organisées", a estimé Jesus Verdoza, chef de la police. Selon les analystes, le vote électronique a non seulement sensiblement accéléré le décompte des voix mais aussi réduit les moyens de manipuler le vote, dans un pays où la fraude électorale était monnaie courante.
Les électeurs étaient également appelés à désigner leur vice-président, ainsi que quelque 250 députés, 12 des 24 sénateurs, les 80 gouverneurs de provinces et plus de 17.000 élus locaux.
Plusieurs personnalités tentaient de décrocher un siège au Congrès, dont le boxeur Manny Pacquiao, l’ancienne Première dame Imelda Marcos ou encore Mme Arroyo.
Elu depuis 12 ans au Congrès (chambre basse) puis au Sénat, M. Aquino, diplômé d’économie, a fait de la lutte contre la corruption et la pauvreté les priorités de sa campagne, dans un pays où près d’un habitant sur trois vit avec moins d’un dollar par jour. Si sa victoire se confirme, il devra s’attaquer à une situation économique délicate avec un déficit budgétaire en hausse de 17% l’an passé, pour atteindre 3,7% du PIB.
Les institutions internationales estiment que le déficit public est l’un des problèmes économiques majeurs du pays, craignant un retour à la situation d’il y a 10 ans quand il avait atteint 5,3% du PIB en 2002. Deuxième économie asiatique dans les années 50, les Philippines, aujourd’hui au 36e rang mondial, prévoient pour 2010 une croissance comprise entre entre 3% et 4%, contre 0,9% en 2009.
