Palestiniens et Arabes d’Israël ont commencé vendredi à marquer la "Nakba", la catastrophe qu’a été pour eux la première guerre israélo-arabe engagée le jour où Israël fut créé le 15 mai 1948.
GAZA (AFP) - Palestiniens et Arabes d’Israël ont commencé vendredi à marquer la "Nakba", la catastrophe qu’a représenté pour eux l’exode des populations face aux violences ayant accompagné la création d’Israël le 15 mai 1948, et la première guerre israélo-arabe qui a suivi.
Des milliers de personnes ont manifesté dans la bande de Gaza pour le "droit au retour" des Palestiniens qui ont été contraints à l’exil par cette guerre.
Plus de 760.000 Palestiniens ont alors été poussés à l’exode par l’avancée des forces juives ou chassés de chez eux. Aujourd’hui, l’ONU estime à quelque 4,7 millions le nombre de ces réfugiés avec leurs descendants.
"Nous ne renoncerons jamais au droit au retour des réfugiés dans leurs villes et villages", a déclaré dans le camp de réfugiés de Jabaliyah (nord de Gaza) un dirigeant du Hamas, Mouïn Mderes, qui a appelé "à l’unité nationale dans la résistance" face à Israël.
Autour de lui, plus de 3.000 sympathisants se sont pressés en scandant des slogans nationalistes et en brandissant drapeaux palestiniens et bannières vertes du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007. Symboliquement, des enfants empoignaient les grosses clefs des maisons perdues de leurs parents.
A Nousseirat, devant quelque 3.000 manifestants dans un autre camp de réfugiés, un dirigeant du Jihad islamique, Mohammed al-Hindi, a appelé "tous les Palestiniens, tous les Arabes et musulmans à soutenir le jihad (Guerre sainte) et la résistance contre l’ennemi sioniste".
En Israël, répondant de son côté à l’appel du Mouvement islamiste israélien et du Haut Comité des Arabes israéliens, la communauté arabe (1,3 million de personnes) devait également commencer vendredi à marquer la "Nakba" par des défilés dans les villes et villages de Galilée (nord).
Comme chaque vendredi, 200 manifestants se sont retrouvés dans le quartier arabe de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est (conquise et annexée par Israël en 1967). Des heurts avec la police ont fait quelques blessés légers.
Les manifestants protestaient contre la colonisation juive à Jérusalem-Est, où les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur Etat.
A Maroun al Ras, une localité du Liban-sud proche de la frontière israélienne, plusieurs centaines de réfugiés palestiniens ont également réclamé leur "droit au retour".
Samedi, pour le 62e anniversaire de la "Nakba", une manifestation regroupant des sympathisants du Hamas et du Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas, est prévue à Gaza.
En Cisjordanie occupée, un rassemblement est prévu à Ramallah sur la tombe de Yasser Arafat, leader historique du mouvement national palestinien.
Dans un communiqué publié à Ramallah, le principal négociateur palestinien Saëb Erakat a appelé vendredi à un règlement du problème des réfugiés.
"La catastrophe continue. Il faut trouver une solution au problème des réfugiés basée sur la résolution 194 des Nations unies", a-t-il dit en référence au "droit au retour".
Adopté le 11 décembre 1948, et renouvelé chaque année, ce texte stipule que "les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le plus vite possible" et que "des dédommagements devraient être versés pour les propriétés de ceux qui ne veulent pas revenir".
Tous les gouvernements israéliens se sont opposés au droit au retour, sauf dans le cadre humanitaire de la réunification des familles dispersées.
Israël, où vivent 5,7 millions de Juifs, fait valoir qu’en accueillant un afflux massif de réfugiés palestiniens, il perdrait son caractère d’Etat juif.
Des négociations de paix israélo-palestiniennes, dites "de proximité", ont été lancées dans le scepticisme général le 9 mai sous l’égide des Etats-Unis.