Mohamed Nasheed, le Président des Maldives est l’un des hommes au monde qui redoute le plus la montée des océans. Normal. D’ici 90 ans, son territoire, situé aujourd’hui à 3 mètres au dessus du niveau de la mer sera complètement submergé. C’est pourquoi il demande que le débat sur le changement climatique soit recentré en termes d’économies et de sécurité avant le sommet des Nations unies sur le climat au Mexique à la fin de l’année.
La République des Maldives. Un petit état insulaire. Le premier à être confronté très concrètement à l’élévation du niveau de la mer. Il est constitué de 1 199 îles, dont 202 habitées. C’est pourquoi son gouvernement vient de commander au constructeur néerlandais
Dutch Docklands, la construction d’une île flottante artificielle. Ce constructeur rendu notamment célèbre en inventant une partie des îles artificielles pour milliardaires au large de Dubaï appelées
The World.
Mais la technique employée pour construire les îles artificielles de
The Worldest très différente de celle qui sera employé pour amarrer l’île des Maldives au socle terrestre. L’enjeu aussi est différent puisqu’il s’agit d’aider la République des Maldives à préparer son avenir face à la montée de l’océan et à compléter les mesures déjà prises par la mise en œuvre d’un plan d’évacuation massive des premières îles submergées de son territoire
(voir l’article en Anglais sur Clean Technica).
Mohamed Nasheed est volontariste. Pour lui, "un prix à payer doit être fixé pour l’ampleur des destructions de l’atmosphère, pour l’ampleur avec laquelle nous polluons l’atmosphère". La question du changement climatique n’est pas celle de "la défense des petits oiseaux", soulignant que derrière les aspects liés à l’environnement ce problème concerne essentiellement l’avenir des politiques de sécurité, des économies durables et des droits de l’Homme.
Un programme de construction de milliers de logements a d’ores et déjà été lancé par le gouvernement des Maldives, pour accueillir les premiers réfugiés climatiques. Le constructeur néerlandais pense que le problème de la montée du niveau des océans pourra être minimisé par l’inventivité et en particulier par la mise au point d’îles flottantes semblables aux maisons flottantes déjà construites aux Pays-Bas qui donnent toute satisfaction lors des inondations auxquelles le pays est régulièrement confronté.
L’entreprise s’est désormais spécialisée dans les solutions spécifiques pour les endroits de la planète où la montée du niveau des océans devient le plus problématique. L’île flottante imaginée pour les Maldives peut être amarrée à la terre de sorte qu’elle peut rester assez stable. Elle peut aussi être construite en pleine mer et ses fondations peuvent abriter une vie sous-marine organisée avec notamment une industrie de pisciculture.
Le projet est très ambitieux et très mystérieux, mais Dutch Docklands prétend être capable de conserver le rythme physique des marées et, ce, quelles que soient les variations du niveau de la mer. L’île ne serait donc jamais submersible. Le coût n’a pas été dévoilé, mais plusieurs milliards d’euros seront nécessaire pour mener à bien la construction de cette île.
"Si nous pouvons avoir une discussion sur la faisabilité de l’énergie renouvelable, je pense que cela aurait un impact important sur la politique", dit le Président des Maldives, ajoutant que passer à des sources d’énergie non fossiles comme le vent et le soleil relève du "bon sens économique".
Le 17 octobre 2009, à titre symbolique,
Mohamed Nasheed, avait organisé un conseil des ministres sous-marin, à 3 mètres sous l’eau, afin d’alerter l’opinion publique internationale sur le risque de disparition de son pays et des autres pays de
l’AOSIS, l’Alliance des petits
États insulaires vulnérables à une future montée du niveau des océans.