Le vol inaugural dimanche de la compagnie Iraqi Airways entre Bagdad et Londres, après vingt ans d’interruption, a tourné au cauchemar pour les autorités irakiennes : l’appareil a été saisi et le directeur général de la compagnie s’est vu confisquer son passeport.
BAGDAD (AFP) - Le vol inaugural dimanche de la compagnie Iraqi Airways entre Bagdad et Londres, après vingt ans d’interruption, a tourné au cauchemar pour les autorités irakiennes : l’appareil a été saisi et le directeur général de la compagnie s’est vu confisquer son passeport.
A l’origine de l’incident, un différend financier avec la compagnie koweïtienne datant de l’invasion de l’émirat par l’ancien président Saddam Hussein en 1990. Kuwait Airways Corporation (KAC) réclame 1,2 milliard de dollars à l’Irak pour s’être emparé de dix appareils commerciaux et avoir pillé l’aéroport.
"A son arrivée le 25 avril à Gatwick, un avocat de la KAC a tenté de saisir l’avion mais il n’a pas pu car il appartient à une compagnie suédoise", a affirmé jeudi dans un communiqué Akil Kawthar, porte-parole du ministère des Transports.
"Il a alors entamé une procédure contre la société britannique qui avait loué l’avion pour le compte d’Iraqi Airways et a obtenu la confiscation par les autorités britanniques du passeport et des documents appartenant au directeur général de la compagnie irakienne", a-t-il ajouté.
L’appareil a ensuite été saisi.
En plus du directeur général d’Iraqi Airways Kifah Hassan, le ministre des Transports Amr Abdel Jabbar Ismaïl se trouvait à bord du vol inaugural.
"Le ministère irakien des Transports est surpris par l’attitude provocatrice des autorités koweïtiennes et par leur insistance à traquer les Irakiens partout où cela leur est possible", a assuré le porte-parole.
"Nous appelons nos frères koweïtiens à suspendre ces mesures immédiatement, à laisser le directeur général rentrer dans son pays, à arrêter de traquer Iraqi Airlines et à créer une atmosphère propice à résoudre amicalement les problèmes entre les deux pays", a souligné M. Kawthar.
L’Irak demande également "aux frères arabes de faire pression sur le Koweït pour qu’il cesse ses actions qui desservent les intérêts de nos deux peuples et pour que s’ouvre une nouvelle page", a souligné le porte-parole.
A Koweït, personne à la KAC n’était disponible pour commenter ces accusations.
Un député koweïtien indépendant, Mohamed al-Houwailah, a toutefois attaqué Bagdad, réclamant l’application des résolutions de l’ONU. "Qui a dit que nous allions oublier le passé, le comportement provocateur et l’invasion brutale de notre terre et notre peuple", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Si on est sérieux à propos de relations de bon voisinage, on doit mettre en oeuvre toutes les résolutions de l’ONU relatives à l’invasion du Koweït", a-t-il ajouté.
Cité par le Times de Londres, Chris Gooding du bureau d’avocats Fasken Martineau, qui défend les intérêts de la KAC, a jugé "irréaliste de la part d’Iraqi Airways de penser qu’il pourrait, sans conséquences, commencer des vols vers une juridiction qui l’a condamné à payer 1,2 milliard de dollars".
Il faisait allusion au jugement d’un tribunal britannique en 2004 autorisant le Koweït à saisir les biens d’Iraqi Airways.
"Iraqi Airways pratique la politique de l’autruche", a-t-il ajouté.
En novembre 2008, l’Irak avait annoncé être prête à verser 300 millions de dollars à KAC pour mettre fin à la querelle.
La compagnie koweïtienne avait aussi fait valoir ses droits en août 2008 devant la Cour supérieure du Québec, qui avait fait saisir 10 avions Bombardier CRJ900 commandés par Iraqi Airways dans le cadre du renouvellement de sa flotte.
Selon l’Irak, deux Boeing 767 et deux Airbus 300 volés au Koweït ont été détruits par les raids de la coalition sur l’aéroport de Mossoul fin janvier et début février 1991.
Quant aux six autres, ils ont été évacués en Iran et ce pays les a rendus au Koweït à l’été 1992.
