La force de l’Otan en Afghanistan (Isaf) a reconnu aujourd’hui avoir tué par erreur huit enfants afghans lors d’un raid aérien mené la semaine dernière dans la province de Kapisa. Cette bavure avait provoqué la colère du président afghan Hamid Karzaï.
« Huit jeunes afghans ont été tués par une frappe aérienne de la coalition », a déclaré ce mercredi le général Lewis Boone, directeur de la communication de l’Isaf. Selon cet officier, les victimes semblaient porter des armes et ils constituaient à ce titre « une menace » pour les troupes au sol. Pensant avoir affaire à un groupe dangereux, les forces de l’Isaf ont demandé du renfort aérien.
« L’avion a lâché deux bombes sur le groupe qu’on pensait être sur le point de menacer nos hommes... Au final, huit jeunes Afghans ont perdu leur vie dans cet événement tragique », affirme le militaire.
« Il s’agissait de jeunes Afghans (...) de taille adulte, athlétiques, forts » qui « marchaient dans la vallée », une zone à risques, précise pour sa part Mike Wigston, le commandant des opérations aériennes de l’Isaf. « Selon nous, c’étaient des adolescents d’environ 15-16 ans, dont l’un plus âgé », poursuit l’officier de l’Isaf.
« Nous pensions qu’ils représentaient une menace », insiste-t-il. « Ils n’ont pas été bombardés parce que nous pensions qu’il étaient des talibans, des insurgés ou des trafiquants. Ils l’ont été car nous pensions qu’ils représentaient une menace », explique encore le militaire.
« Leur taille n’est pas le seul facteur. Il y a aussi le fait qu’ils transportaient (des armes), la manière dont ils se déplaçaient, dont ils se regroupaient, l’endroit où ils se trouvaient physiquement quand les troupes (afghanes et de l’Isaf) étaient dans la vallée », tente de se justifier le patron de l’Isaf. « S’ils étaient partis dans une autre vallée, ils n’auraient pas représenté de menace et il n’auraient pas été bombardés. Mais ils étaient dans une position très menaçante », poursuit-il.
La semaine dernière, plus précisément le jeudi 9 février, le président afghan Hamid Karzaï n’a pas caché sa colère suite à cette « bavure » qu’il a « fermement condamnée ». Les autorités afghanes en voulaient à l’Isaf d’avoir mené des bombardements dans une zone jugée sans danger pour l’Otan : un petit village de la province de Kapisa, situé au nord-est de la capitale Kaboul. De sources officielles afghanes, les enfants morts avaient entre 6 et 14 ans, sauf l’un d’entre eux, âgé de 18 à 20 ans.