La liste conduite par le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s’est alliée mardi avec les chiites conservateurs de l’Alliance nationale irakienne (ANI), ouvrant la voie à la formation d’un nouveau gouvernement après une impasse de deux mois
BAGDAD (AFP) - Les deux principales formations chiites irakiennes ont scellé mardi une alliance pour conserver le pouvoir qu’elles détiennent depuis l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, mais cette union pourrait coûter son poste au Premier ministre Nouri al-Maliki.
L’Alliance pour l’Etat de droit (AED) de M. Maliki a trouvé un accord avec les chiites conservateurs de l’Alliance nationale irakienne (ANI) ouvrant la voie à la formation d’un nouveau gouvernement après deux mois d’impasse à la suite des législatives du 7 mars, selon un communiqué commun des deux formations.
Avec 159 députés, il manque encore quatre sièges aux deux listes pour obtenir la majorité absolue au Parlement qui compte 325 sièges. Les dirigeants de l’Alliance kurde (43 sièges) ont fait savoir à plusieurs reprises qu’ils se joindraient à la grande coalition chiite.
"Un accord a été trouvé pour former le plus grand bloc parlementaire avec l’union entre l’Etat de droit et l’Alliance nationale irakienne. C’est un premier pas pour s’ouvrir ensuite d’autres formations politiques", a annoncé Abdel Razak al-Kazami, un conseiller de l’ancien Premier ministre Ibrahim Jaafari membre de l’ANI, lisant un communiqué.
"La chose la plus importante pour cette union est de former un gouvernement irakien et de mettre au point un programme gouvernemental avec la participation de tous et la nomination d’un Premier ministre", a-t-il ajouté devant les journalistes, au domicile de M. Jaafari.
Mais M. Maliki pourrait ne pas conserver son portefeuille. L’ANI, qui regroupe le Conseil supérieur islamique d’Irak (CSII) dirigé par Ammar al-Hakim et les partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr, lui voue une profonde animosité.
Elle lui reproche notamment d’avoir constitué sa propre liste pour les élections du 7 mars, face à ses anciens alliés chiites qui l’avaient pourtant choisi en 2006 au poste de Premier ministre.
Le fait que cette déclaration ait été faite par son conseiller au domicile de M. Jaafari laisse à penser que ce dernier pourrait être le futur chef du gouvernement.
Ce serait une revanche pour ce médecin de 63 ans, ultra-conservateur et proche de l’Iran, né dans la ville sainte de Kerbala (centre) et issu d’une famille de dignitaires religieux.
Il n’a jamais pardonné à M. Maliki d’avoir pris sa place à la tête du pays il y a quatre ans puis de l’avoir écarté en 2007 de la direction du parti chiite Dawa auquel il avait adhéré en 1968.
La liste de l’ancien Premier ministre laïc Iyad Allawi, qui était arrivée en tête des législatives avec 91 sièges notamment grâce à un vote massif des sunnites en sa faveur, n’a plus la capacité de pouvoir former autour d’elle une majorité. Le 7 mars, l’AED avait obtenu 89 sièges et celle de l’ANI 70 députés.
Cette nouvelle alliance chiite intervient au moment où la commission électorale a entamé une nouveau décompte des voix à Bagdad, à la demande de l’AED qui dénonce des fraudes. La commission doit aussi se prononcer sur l’invalidation de neuf élus soupçonnés de liens avec le parti Baas de Saddam Hussein.