Rahmat Gul/AP/SIPA
Les Afghans continuent de subir encore plus de restrictions. La dernière interdiction en date concerne le jeu d’échecs, accusé de contrevenir à la loi islamique sur la moralité.
Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les talibans imposent un encadrement strict des pratiques sociales.
Le gouvernement en Afghanistan a décidé de s’attaquer aux échecs. Selon Atal Mashwani, porte-parole de la Direction des sports, ce jeu est désormais vu comme « un moyen de parier de l’argent ». Ainsi, il est incompatible avec la loi sur la Propagation de la vertu et la prévention du vice. Cette législation, adoptée en 2023, règlemente les comportements jugés immoraux par le régime.
Le haut fonctionnaire a indiqué que ce jeu sera aboli jusqu’à nouvel ordre, tant que les « enjeux religieux » n’auront pas été clarifiés. Aucune information n’a été donnée sur les éventuelles sanctions encourues en cas d’infraction.
À Kaboul, l’annonce suscite la déception de nombreux amateurs. Azizullah Gulzada, propriétaire d’un café où l’on jouait régulièrement aux échecs, respecte la décision mais conteste sa justification. Selon ses précisions relayées par 20minutes, « dans plusieurs pays musulmans, des joueurs participent à des compétitions internationales, sans enjeu financier ». Dans son établissement, de nombreux jeunes se retrouvaient autour du jeu, sans jamais miser d’argent.
Il regrette que cette interdiction prive désormais les habitués d’un espace d’échange. Selon lui, « les passionnés d’échecs sont probablement attristés par cette mesure ».
Cette décision rejoint une série d’interdictions déjà en place. Les autorités talibanes ont progressivement imposé une vision rigoriste de l’islam, interdisant diverses activités et sports. En 2024, les autorités talibanes ont également proscrit les compétitions de MMA, jugées trop « violentes » au regard de la charia. Le cricket reste autorisé, mais reste une activité exclusivement masculine.
Les femmes, quant à elles, sont toujours davantage écartées de la sphère publique. Elles n’ont plus accès aux universités, aux parcs, aux salles de sport, ni aux salons de beauté. L’Organisation des Nations unies qualifie cette situation d’« apartheid de genre », dénonçant des atteintes graves aux libertés fondamentales.