Les entreprises impliquées dans le naufrage d’une plate-forme pétrolière au large des côtes américaines se sont renvoyées la balle mardi lors d’une audition au Sénat des Etats-Unis, alors que le pétrole continuait à se répandre inexorablement dans la mer.
WASHINGTON (AFP) - Les entreprises impliquées dans le naufrage d’une plate-forme pétrolière au large des côtes américaines se sont renvoyées la balle mardi lors d’une audition au Sénat des Etats-Unis, alors que le pétrole continuait à se répandre inexorablement dans la mer.
Au Capitole, des manifestants ont accueilli les dirigeants des trois sociétés, dont le groupe britannique BP, en arborant une larme peinte en noir en signe de protestation et aux cris de "BP tue la faune, BP tue les gens, BP tue la planète".
S’attendant à découvrir "qu’il y a eu des erreurs en série, techniques, humaines, et en matière de régulation", le démocrate Jeff Bingaman, président de la commission de l’Energie et des ressources naturelles, qui organisait l’audition, a comparé la tragédie à d’autres catastrophes de l’ère moderne, comme le naufrage du Titanic.
Le républicain John Barrasso a tancé les industriels pour leur stratégie du "c’est pas moi, c’est lui".
De fait, le PDG de BP America, a souligné dans un document transmis au Sénat que la société Transocean, propriétaire de la plate-forme, était responsable d’une pièce cruciale d’équipement qui n’a pas fonctionné après l’explosion, empêchant de maîtriser le flux de pétrole.
Dans ses propres observations, le patron de Transocean, Steven Newman, a renvoyé la balle à BP et à Halliburton, qui a réalisé le coffrage en ciment du puits et la fabrication d’un bouchon temporaire pour la tête de puits.
Et, réponse du berger à la bergère, un responsable de Halliburton, Tim Probert, a affirmé que le bouchon n’avait pas pu être installé avant l’explosion, qui s’est produite à un moment où Transocean travaillait sur le puits.
La Maison Blanche a indiqué que le président Barack Obama était "profondément agacé" que la fuite soit toujours en cours, après que BP a renoncé pendant le week-end à poser un couvercle de 12 mètres sur la fuite par 1.500 mètres de fond.
Le groupe a annoncé qu’il verserait aux victimes de la marée noire plus que le plafond prévu par la loi américaine. "Nous pensons que nous irons au-delà" des 75 millions, a déclaré au Sénat le patron de BP America, Lamar McKay.
Le secrétaire à l’Intérieur, Ken Salazar, a annoncé de son côté la création d’un organe indépendant de surveillance du secteur pétrolier, à la suite de la marée noire et d’accusations de collusion entre l’industrie et l’administration.
Ce rôle est actuellement exercé par le Service de gestion minier (MMS), qui s’occupe également d’attribuer des contrats d’exploration aux compagnies pétrolières et de récupérer les énormes recettes qu’ils génèrent.
Sur le terrain, des hélicoptères militaires se succédaient mardi pour déposer des sacs de sable au milieu des canaux se jetant dans le golfe du Mexique, afin de bloquer la progression de la marée noire en direction des bayous, berceaux d’un écosystème très fragile.
"On ne sait absolument pas quand le pétrole va arriver, on espère juste avoir fini quand il sera là", a dit un réserviste à l’AFP.
Dans la banlieue de La Nouvelle-Orléans, des manifestants ont interrompu une audience marquant le lancement de l’enquête officielle des garde-côtes américains sur la catastrophe, pour réclamer la transparence et protester contre l’usage de produits dispersants.
Et, alors que la saison des ouragans s’annonce dans la région, beaucoup d’habitants craignaient d’assister dans les jours qui viennent à l’arrivée de vagues noires sur leurs plages. "Un ouragan pourrait charrier de grandes quantités de pétrole jusqu’aux côtes", a confirmé à l’AFP Dennis Feltgen, porte-parole du centre national des ouragans.