Antenne Réunion
La colère des médecins. Grogne contre le projet de loi pour lutter contre les déserts médicaux. La position du gouvernement, hostile lui aussi au texte, ne convainc pas non plus. François Bayrou propose d’imposer deux jours par mois aux médecins dans les zones prioritaires. Les professionnels de santé mobilisés cet après-midi au jardin de l’État jusqu’à la préfecture.
Dans le cortège, 80 internes et médecins scandent en chœur : non à la proposition de loi contre les déserts médicaux :
“J’ai donné dix ans de ma vie à mes études de médecine et maintenant, on me dit que je ne peux pas m’installer où je veux.” ”On n’a pas le choix, on ne nous pose pas la question et ce n’est pas la bonne solution. Ce n’est pas ce qui va régler la pénurie.”
La proposition de loi, portée par le député socialiste Guillaume Garot, vise à lutter contre la désertification médicale en France. L’une des mesures phares : la régulation de l’installation des médecins. Elle prévoit que les jeunes praticiens soient incités, voire contraints, à s’installer dans les zones en manque de professionnels de santé. Mais pour Phèdre Rihn, présidente du syndicat des internes, le problème est ailleurs.
“C’est plus un problème de nombre, en entier, que de zones plus ou moins dotées puisqu’en réalité 90% des gens ont un médecin généraliste pas très loin de chez eux”, explique la présidente du Syndicat des Internes de l’Océan Indien (SIOI), Phédre Rihn.
À ses côtés, plusieurs syndicats de médecins soutiennent cette mobilisation, initiée par les internes. Tous se disent inquiets pour l’avenir de la profession.
“Les études, c’est 10 ans, au cours desquels ils ont été dans plusieurs universités et aujourd’hui on va leur imposer un exercice à un endroit éventuellement alors qu’ils ont déjà marié, ils ont des enfants et ça peut créer des difficultés”, estime le président de MG France Réunion, Michel DER KASBARIA.
“On n’est pas non plus en excédent et si les jeunes ne s’installent pas, on passera définitivement en pénurie et les patients ne pourront pas aller dans le département d’à côté”, indique la présidente de la Confédération des Syndicats des Médecins de France (CSMF), Christine Kowalczyk.
De son côté, l’Ordre des médecins déplore un manque de concertation, notamment à La Réunion. La docteure Anne Vienne-Cessou plaide pour que les jeunes praticiens puissent toujours choisir librement leur lieu d’installation, afin d’éviter les effets contre-productifs.
“Il faut que nos médecins soient nombreux, qu’ils aient envie de venir et on ne peut pas sinistrer une zone comme la Réunion”, estime la présidente départementale de l’ordre des médecins, Dr Anne Vienne-Cessou.
D’après le Conseil national de l’Ordre des médecins, 3 456 praticiens exercent actuellement à La Réunion, au 1er janvier 2025. Pour l’heure, seul le premier article de la proposition de loi a été adopté par les députés. Les quatre autres seront débattus les 6 et 7 mai prochains.