Barack Obama a nommé lundi Elena Kagan à la Cour suprême, saluant l’"excellence" et l’ouverture d’esprit d’une candidate dont le choix constitue l’occasion pour le président démocrate d’imprimer sa marque à long terme sur la clef de voûte des institutions américaines.
WASHINGTON (AFP) - Barack Obama a nommé lundi Elena Kagan à la Cour suprême, saluant l’"excellence" et l’ouverture d’esprit d’une candidate dont le choix constitue l’occasion pour le président démocrate d’imprimer sa marque à long terme sur la clef de voûte des institutions américaines.
Si sa nomination à vie est confirmée par le Sénat, Elena Kagan, actuelle avocate de l’administration auprès de la Cour suprême et militante démocrate de longue date, succèdera au nonagénaire John Paul Stevens, qui prend sa retraite après 35 ans au sein de la plus haute juridiction du pays.
"Si l’on ne peut pas avoir la présomption de remplacer la sagesse ou l’expérience du juge Stevens, j’ai sélectionné une candidate qui à mon avis personnifie les mêmes excellence, indépendance, intégrité et passion pour la loi et qui pourra en fin de compte apporter le même genre d’influence déterminante à la Cour", a expliqué M. Obama.
"Elena est considérée comme l’un des esprits juridiques les plus brillants du pays", a ajouté le président, qui avait déjà désigné une femme, Sonia Sotomayor, l’année dernière pour siéger dans cette assemblée de neuf sages appelée à se prononcer sur des questions fondamentales de société.
Défendant les références professionnelles de Mme Kagan, qui a la singularité de ne pas avoir été magistrate contrairement à tous ceux qui pourraient devenir ses collègues, M. Obama a remarqué qu’elle était "une pionnière, la première femme doyenne de la faculté de droit de Harvard", université de renommée mondiale.
Mais M. Obama a aussi loué "l’ouverture" de Mme Kagan à "des points de vue très différents" et salué sa capacité à "bâtir le consensus", autant d’appels du pied à des élus républicains armés d’une minorité de blocage au Sénat.
Le juge Stevens était considéré comme un pilier progressiste de la Cour, et une juge Kagan ne devrait pas immédiatement modifier l’équilibre politique subtil de cette institution présidée par le juge conservateur John Roberts.
A 50 ans, Mme Kagan deviendrait la benjamine de l’institution et pourrait y rester pendant des décennies. La Cour compterait aussi pour la première fois trois magistrates siégeant ensemble.
"J’espère que le Sénat oeuvrera au delà des partis, comme il l’a fait en confirmant Elena au poste d’avocat de l’administration l’année dernière, et qu’il le fera aussi rapidement que possible pour qu’elle puisse travailler et siéger afin de participer aux travaux de la Cour à l’automne", a encore dit le président.
Mais les républicains, à moins de six mois d’élections législatives dont ils escomptent d’importants gains en sièges, ont laissé dès lundi entrevoir une bataille sans concessions.
"Mme Kagan constitue un choix surprenant en raison de son manque d’expérience judiciaire. La plupart des Américains pensent qu’une expérience judiciaire est nécessaire pour devenir un juge à la Cour suprême", a ainsi affirmé le sénateur républicain John Cornyn.
Son collègue John Kyl a remarqué que la confirmation de Mme Kagan à son poste actuel - aisément obtenue avec des voix républicaines - ne garantissait pas une promenade de santé pour celle de la Cour suprême.
"Comme je l’avais dit lorsque j’ai soutenu sa confirmation comme avocate de l’administration, une nomination politique temporaire est très différente d’une nomination à vie à la Cour suprême", a-t-il remarqué.
Prenant la parole après M. Obama dans l’"East Room", salle d’apparat de la Maison Blanche, Mme Kagan a remercié le président Obama pour "l’honneur" qu’il lui faisait.
Elle a en particulier affirmé que "le droit est important, car il assure notre sécurité, protège nos droits et libertés fondamentaux et constitue le socle de notre démocratie".