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Le phénomène des sargasses menace davantage chaque année la vie sur les îles des Caraïbes. La troisième conférence de l’ONU sur l’océan a donné une tribune à celles et ceux qui en subissent déjà les conséquences.
À Nice, la conférence de l’ONU sur l’océan s’est achevée dans un climat d’alerte. Venue de Guadeloupe, Sylvie Gustave-dit-Duflo, scientifique et élue régionale, a dressé un constat sans détour : les sargasses bouleversent le quotidien des îliens caribéens. Ces algues brunes mettent en péril la biodiversité marine et côtière. "C’est un phénomène ascensionnel. Au départ, on avait des invasions tous les deux ou trois ans, mais depuis quatre ou cinq ans, c’est toutes les années. Et les quantités qui s’échouent sont toujours plus grandes d’une année à l’autre.", a-t-elle confié dans une interview accordée à RFI. En Guadeloupe, l’année s’annonce déjà dramatique. D’autres territoires sont également touchés : des petites îles comme Sainte-Lucie aux plus vastes États comme le Mexique ou la Colombie. Ce fléau n’épargne personne dans le bassin caribéen.
Portée par la France et ses territoires d’outre-mer, une initiative internationale s’organise. Cette coalition rassemble déjà une trentaine de pays, du Costa Rica à la République dominicaine, avec l’objectif de faire reconnaître les sargasses comme un problème environnemental mondial. Il manque encore un cadre juridique clair : ces algues sont-elles un déchet, une pollution ou un écosystème ? Le but est de faire émerger une définition commune et d’obtenir une reconnaissance à l’ONU et à l’UICN. Les discussions se poursuivent avec la perspective de résolutions dès septembre prochain à New York.
Au-delà de l’environnement, les conséquences économiques sont majeures. Le tourisme, la pêche et les activités nautiques sont freinés, voire arrêtés. Selon la Caricom, les pertes atteignent déjà 300 millions d’euros. En Guadeloupe, les plans d’action gouvernementaux ne couvrent même pas les dépenses locales. Par ailleurs, les effets toxiques des sargasses ne sont plus à démontrer : émissions de gaz dangereux, présence d’arsenic, dégâts sur les récifs et les mangroves. Des écoles doivent fermer, des hôtels suspendent leurs activités. Les solutions techniques existent, comme la valorisation en bioplastique ou en matériaux de construction, mais elles restent coûteuses et sans modèle économique viable à ce jour.
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