L’ambassade française en Bolivie a été attaquée ce mercredi par une centaine d’individus surchauffés après le refus de la France à ce que l’avion transportant le président Morales survole son espace aérien.
Le bâtiment abritant l’ambassade de France dans la capitale bolivienne a essuyé hier la colère d’une centaine de manifestants pro-Morales qui n’ont pas apprécié le traitement réservé à leur leader.
« France, fasciste, hors de Bolivie ! », « France, l’indien (ndlr Evo Morales) est le sauveur du monde ! », « France hypocrite, France colonialiste », ont scandé les manifestants qui ont arrosé de pierres le bâtiment et brûlé le drapeau tricolore.
Cet incident fait suite à l’interdiction temporaire de survol de l’espace européen, décrétée par la France et d’autres pays - Espagne, Portugal ou encore l’Italie- à l’endroit de l’avion présidentiel d’Evo Morales qui allait rejoindre la Bolivie après un voyage à Moscou. L’appareil a été contraint de faire escale à l’aéroport autrichien de Vienne où il fut cloué au sol durant 13 heures, provoquant une colère noire chez le leader bolivien.
« C’était quasiment comme un enlèvement de près de 13 heures », a-t-il assené lors d’une conférence de presse à l’aéroport de Vienne, qualifiant le geste des pays européens d’« une erreur historique, une provocation et une agression envers la Bolivie et toute l’Amérique latine ».
Pour sa part, le ministre bolivien des Affaires étrangères, David Choquehuanca a déclaré : « Nous voulons exprimer notre mécontentement, car la vie du Président a été mise en danger ».
La France suspectait la présence de l’Américain Edward Snowden, recherché par les Etats-Unis pour espionnage, à bord de cet appareil, une hypothèse née de la déclaration d’Evo Morales selon laquelle la Bolivie est disposée à accueillir cet ancien consultant de la CIA sur son territoire. Les autorités françaises pensaient alors que l’homme en question se trouvait dans cet appareil en direction de la Bolivie.
Lors de l’escale forcée à Vienne, des policiers autrichiens auraient été dépêchés à l’aéroport pour une opération de contrôle mais aucune fouille n’aurait été rendue possible suite au refus catégorique du président bolivien, selon le site Echos, rapportant des propos du ministre bolivien de la Défense.
Cet imbroglio diplomatique a quelque peu embarrassé Paris qui ne s’attendait pas probablement à ce que l’affaire retentisse autant. L’Unasur qui regroupe 12 pays de l’Amérique latine a en effet réagi d’une manière très forte à travers un communiqué conjoint qualifiant la décision de la France et du Portugal de « dangereuse ». La présidente de l’Argentine Cristina Fernandez, est même allée jusqu’à traiter les dirigeants européens de « fous », rapporte France 24.
Depuis Paris, le président Hollande a expliqué qu’« il y avait des infos contradictoires sur les passagers qui étaient à bord » de cet appareil. « Dès lors que j’ai su que c’était l’avion du président bolivien, j’ai donné immédiatement (…) l’autorisation de survol de l’espace aérien français », a-t-il assuré.
Après cet épisode pour le moins confus auquel avait été confronté le président bolivien, il a pu regagner son pays dans la soirée du mercredi, les pays européens ayant finalement accepté que l’avion qui le transportait pénètre leur espace aérien.
Pour sa part, les Boliviens ne semblent pas encore prêts à oublier cet incident. Selon Le Monde, le parlement local envisagerait d’expulser de son territoire les ambassadeurs de France, Portugal et d’Italie.