Salvador, le pays d’Amérique centrale sera sur le banc des accusés cette semaine. La Cour interaméricaine se penchera pour la première fois sur le droit à l’avortement.
Le cas d’une jeune femme, identifiée sous le prénom de Beatriz, sera au centre du débat à la Cour interaméricaine cette semaine. Cette entité, basée au Costa Rica, se penchera pour la première fois sur le droit à l’avortement, rapporte Le Figaro. Le Salvador, pays d’Amérique centrale sera sur le banc des accusées pour "violation présumée des droits humains et torture" après avoir forcé Beatriz à porter un fœtus non viable en dépit de risques pour sa santé.
Depuis 1998, le Salvador interdit formellement l’avortement sous peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 8 ans. Les femmes qui avortent sont souvent jugées coupables d’homicide aggravé et les tribunaux du pays les condamnent à des peines pouvant aller jusqu’à 50 ans de prison.
Maria Antonieta Alcalde, de l’ONG de défense des droits génésiques Ipas figure parmi les plaignants. Selon elle, le fait que la Cour a accepté d’entendre cette affaire indique clairement que le refus de tout service de santé, y compris ceux qui sont controversés comme l’avortement, constitue une violation des droits humains.
Beatriz souffrait d’une maladie auto-immune lorsqu’elle est tombée enceinte pour la deuxième fois en 2013 après un premier accouchement compliqué. Des documents judiciaires ont indiqué que le fœtus s’est avéré non viable en raison d’une grave malformation congénitale. La jeune femme, âgée de 20 ans à l’époque a été informée qu’elle risquait de mourir si elle menait à terme la grossesse. Elle a ainsi décidé de se tourner vers la justice pour avoir l’autorisation d’avorter, mais sa demande a été rejetée par la Cour constitutionnelle. Elle a subi une césarienne et le fœtus prématuré est mort cinq heures après l’accouchement.
Pour Gisela de Leon, du Centre pour la justice et le droit international (Cejil), une ONG de défense des droits humains, l’Etat salvadorien a "violé son droit à la vie et à l’intégrité personnelle". "Les souffrances auxquelles elle a été soumise, sachant que son droit à la vie était menacé, constituent une forme de torture", a-t-elle assuré.
La jeune femme est morte dans un accident de la route en 2017. Sa famille a décidé de poursuivre l’affaire en justice pour "qu’aucune autre femme ne vive ce qu’elle a vécu".
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