Sous le regard de Toussaint Louverture, le président de la République a rectifié le tir dit en disant que la France avait une dette morale, mais pas une dette financière envers Haïti.
Sous une chaleur écrasante, place centrale de Port-au-Prince, flottaient les drapeaux français et haïtien. La statue de Toussaint Louverture, qui a mené la lutte victorieuse pour la libération des esclaves haïtiens au XVIIIe siècle, veillait, hier, sur le bon déroulement du dépôt de gerbe après lequel François Hollande a dit à Michel Martelly que la France se tenait aux côtés d’Haïti et qu’elle accompagnerait son développement.
"Vous ne demandez pas d’aide, mais du développement. Vous n’avez pas besoin d’assistance, vous demandez de l’investissement", a dit le chef de l’Etat. Il a aussi annoncé que la France apporterait à l’île son soutien en matière d’éducation et de formation des enseignants et ferait en sorte d’introduire les nouvelles technologies dans les établissements.
Par ses mots, François Hollande, qui effectuait la première visite officielle d’un président français à Haïti, première république noire, a levé une ambiguïté. Depuis la Guadeloupe, il avait souligné "l’exceptionnel combat pour la liberté d’Haïti", première colonie libre, qui a dû verser "une rançon d’indépendance" à la France jusqu’au milieu du XXe siècle.
"Eh bien, quand je viendrai à Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons", avait lancé François Hollande en Guadeloupe. Puis, le chef d’Etat lui-même avait dû rectifier devant la presse à Port-au-Prince, précisant qu’il s’agissait d’une "dette morale, non financière". Mais cette phrase maladroite l’a fait arriver dans la capitale haïtienne dans un climat de confusion.
Parmi les personnes contenues derrière des barrières, certaines brandissent des pancartes où figurait un slogan : "Hollande, l’argent, oui, la morale, non", ou encore : "Restitution, réparation". D’autres slogans étaient plus violents, comme "À bas la France".