Alors qu’une jeune femme dénonçait de manière anonyme les impacts des cartels de la drogue, elle a été l’otage de ces derniers et elle a été exécutée.
Les habitants de Reynosa, une ville du nord-est du Mexique et gangrenée par les cartels, sont souvent confrontés à des règlements de compte et des kidnappings. "C’est en tout cas ce que semblait penser Felina, une jeune femme qui illustrait son Twitter avec une photo de Catwoman pour dénoncer leurs exactions. Un compte piraté jeudi par les cartels pour annoncer l’exécution de l’activiste", cite Metro News.
En effet, le 16 octobre dernier, les followers de @Miut3 ont aperçu le message suivant sur leur timeline : "Mon vrai nom est Maria del Rosario Fuentes Rubio. Je suis médecin. Aujourd’hui, ma vie prend fin." Peu de temps après, deux photos apparaissent, toujours sur son propre compte. La première est celle de la jeune femme, regard face au caméra et les mains visiblement ligotées. Sur la seconde image, l’on aperçoit son cadavre avec le visage saignant provoqué par un impact de balle. Défilent ensuite des mises en garde à l’attention de ses collègues de Valor por Tamaulipas. Ce dernier représente un réseau d’activistes qui, à l’exemple de María, "met des bâtons dans les roues des cartels".
Valor por Tamaulipas compte plus de 100 000 followers sur Twitter et un demi-million de fans sur Facebook. Il garantit depuis janvier 2012 un suivi journalier par de simples mises en garde des impacts des cartels dans la ville alors que le quartier devient le théâtre d’une fusillade aux photos choc des victimes. Felina en fait partie et le 8 octobre dernier, elle a reçu une mise en garde lorsque les narcos alertent son groupe avec ce message "L’étau se resserre, méfie-toi Felina".
Ils seraient parvenus à lui mettre la main dessus le jour précédent la publication des photos, un peu par hasard. D’après un magazine mexicain sur le récit de metronews, "elle aurait commis une faute médicale en tant que médecin, causant la mort d’un enfant". Elle aurait été enlevée, par vengeance, par des ravisseurs qui, en étant en possession de son téléphone, auraient découvert son compte Twitter.
Cette version a été contestée par le fondateur de Valor por Tamaulipas. "Les activistes ont néanmoins préféré se séparer de leurs smartphones, de peur d’être géolocalisés par des cartels toujours plus puissants au Mexique. Et où les organisations comme celle de María remplacent peu à peu les journalistes" explique toujours Metronews. Il est évident que l’exercice du métier se présente comme étant essentiellement risqué, avec 81 journalistes assassinés entre janvier 2000 et septembre 2014 d’après l’organisation française Reporters sans Frontières (RSF).