Le Zimbabwéen blanc Roy Bennett, un proche du Premier ministre Morgan Tsvangirai, a été acquitté lundi des accusations de complot contre le président Robert Mugabe qui l’empêchent depuis plus d’un an d’entrer dans le gouvernement d’union.
HARARE (AFP) - Le Zimbabwéen blanc Roy Bennett, un proche du Premier ministre Morgan Tsvangirai, a été acquitté lundi des accusations de complot contre le président Robert Mugabe qui l’empêchent depuis plus d’un an d’entrer dans le gouvernement d’union.
"J’ai étudié avec attention les faits et j’en ai conclu que l’Etat n’avait pas apporté de preuves solides. En conséquence, je déclare l’accusé non coupable", a déclaré le juge Chinembiri Bhunu.
"L’Etat a échoué à prouver la culpabilité de l’accusé après que le principal témoin à charge eut changé de version", a-t-il ajouté devant un tribunal de Harare. Ce témoin, Peter Hitschmann, avait reconnu pendant le procès avoir proféré ses accusations sous la torture.
Trésorier du parti de Morgan Tsvangirai, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Roy Bennett avait été arrêté le 13 février 2009, alors qu’il allait prêter serment en tant que vice-ministre de l’Agriculture au sein du nouveau gouvernement d’union.
Il était accusé d’avoir versé 5.000 dollars (3.300 euros) pour acheter des armes en vue de renverser en 2006 le président Mugabe, 86 ans, au pouvoir depuis 1980. Inculpé de "terrorisme", "sabotage" et "banditisme", il risquait la peine de mort ou la prison à vie.
Incarcéré une première fois un mois après sa mise en accusation, puis brièvement une seconde fois à la mi-octobre, il comparaissait libre depuis novembre. D’autres charges lancées contre lui avaient été levées mi avril.
"C’est une décision heureuse. J’espère que nous allons pouvoir entrer dans une période de justice et d’Etat de droit", a réagi l’ancien fermier blanc, 53 ans, à l’annonce de son acquittement.
"Ce soir, je vais pouvoir dormir paisiblement", a-t-il ajouté, alors que les applaudissements de ses partisans résonnaient dans la salle d’audience.
"Le tribunal a pris sa décision, nous ne ferons pas appel", a indiqué à l’AFP le procureur Chris Mutangadura.
Les anciens rivaux Tsvangirai et Mugabe ont formé un gouvernement d’union il y a quinze mois pour sortir le Zimbabwe de la paralysie née de la défaite historique du camp présidentiel aux élections de mars 2008. Il fonctionne depuis plus d’un an malgré de nombreux accrocs entre les deux parties.
Le dossier Bennett est l’un des principaux points de friction.
L’ancien agriculteur, dont l’exploitation a été saisie dans le cadre de la réforme agraire lancée en 2000, est une des bêtes noires du clan Mugabe. Le verbe haut, il n’a jamais hésité à critiquer le régime, allant jusqu’à s’empoigner avec l’ancien ministre de la Justice lors d’un débat au Parlement en 2004.
Sa brève réincarcération à la mi-octobre avait plongé la coalition gouvernementale dans sa pire crise : le Premier ministre l’avait boycottée pendant trois semaines, accusant le camp du président d’être un partenaire malhonnête.
Le MDC a toujours clamé que les accusations à l’encontre de Bennett étaient montées de toutes pièces. Le président Mugabe refusait de le laisser entrer au gouvernement tant que des poursuites pesaient contre lui.