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"Un montage offshore impénétrable" aurait permis au Congo dans les années 2000 de contourner les règles du Fonds monétaire international. Ce système de fraude aurait été monté par Total.
La République du Congo aurait-elle échappé à des règles du FMI par la fraude ? Le géant pétrolier Total l’aurait-il aidé ? Ce sont les détails révélés par le quotidien ’le Monde’ au terme d’une enquête dont les résultats ont été publiés, le mardi 10 avril 2018. Les faits se seraient déroulés dans les années 2000. Total aurait mis sur pied un montage financier complexe pour aider la RDC à contourner le contrôle du FMI. Ces affirmations ont pourtant été démenties par le groupe pétrolier. Dans un communiqué, ce dernier assure ne pas avoir "contribué à aider la République du Congo à contourner la vigilance de ses créanciers internationaux".
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Pour ces affirmations, ’le Monde’ s’appuie sur des fuites de données massives révélées en 2016 et en 2017 par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Le quotidien, qui a également enquêté sur des documents des "Panama Papers" et des "Paradise Papers", révèle ainsi que Total a élaboré un "montage offshore impénétrable". Ce système financier frauduleux aurait ainsi permis au Congo de vendre en 2003 une concession pétrolière à la société congolaise Likouala, "un faux nez de la République du Congo". Grâce à cette transaction illicite, le pays très endetté aurait pu toucher des liquidités. À l’époque pourtant, le Congo était visé par une interdiction de la FMI "de s’endetter lui-même pour des projets pétroliers."
La société Likouala, qui aurait été gérée par Total depuis 2003, serait en réalité "une coquille vide sans dépense ni revenu, sans personnel ou compte en banque à son nom", d’après ’Le Monde’. Afin de procéder à l’achat de la concession pétrolière, cette dernière aurait emprunté 70 millions de dollars à la banque française BNP Paribas. L’institution bancaire a cependant évoqué la confidentialité de chaque transaction pour ne pas avoir à affirmer ou infirmer l’information.
"La République du Congo a décidé de monétiser ses intérêts dans le champ de Likouala en les cédant à la société Likouala SA et a demandé à Total de l’assister dans la mise en place de cette transaction avec des établissements financiers de la meilleure réputation", a déclaré Total pour sa défense. "Le FMI a été tenu informé de l’opération par les autorités de la République du Congo, notamment par un courrier daté du 17 novembre qui en atteste", a ajouté le groupe pétrolier dans son communiqué.
Source : Europe 1, Le Figaro