À leur retour au Soudan, plusieurs demandeurs d’asile que la France, la Belgique et l’Italie ont renvoyés avaient été torturés. L’affaire a été dévoilée dans une enquête du New York Times.
La France respecte-t-elle vraiment les droits des Hommes ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres depuis le scandale des demandeurs d’asile soudanais. La polémique a commencé à prendre des proportions démesurées en Belgique. Selon les aveux du Premier ministre belge Charles Michel en septembre 2017, les polices de plusieurs pays européens seraient en étroite collaboration avec la dictature soudanaise d’Omar el-Béchir. Une révélation qui fait écho à l’expulsion de plusieurs demandeurs d’asile soudanais, essentiellement "des opposants politiques", par la France, selon le site ’Streetpress’. Les renvois auraient eu lieu en 2014, avait ajouté le site.
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Pour apporter plus d’éclaircissement sur cette affaire d’expulsion de demandeurs d’asile soudanais, le quotidien américain ’New York Times’ a mené l’enquête. Les responsables du magazine sont ainsi partis à la rencontre de bon nombre de ces réfugiés rejetés par la France. Ils ont constaté que les réfugiés auraient tous été torturés par le pouvoir soudanais, de retour au pays.
Dans ses révélations, le journal affirme également qu’au moins trois pays européens - la Belgique et la France, mais aussi l’Italie - ont autorisé des "officiels soudanais" à pénétrer dans leur centre de rétention. Ces derniers pouvaient ainsi interroger les demandeurs d’asile.
Toujours d’après le ’New York Times’, les officiels soudanais s’entretenaient avec les dissidents politiques "en l’absence de fonctionnaire capable de traduire les propos échangés". L’un des réfugiés témoigne avoir été électrocuté, battu et frappé avec des tuyaux en métal pendant dix jours. Il aurait été expulsé de la France vers la fin 2017. Le régime du général Omar el-Béchir a cependant démenti ces informations.
La version officielle des gouvernements européens fait état de leur désir d’avoir des informations supplémentaires afin de juger de la viabilité de chaque dossier de migrant. Le ministère français de l’Intérieur avait d’ailleurs reconnu face à la presse française en septembre 2017 l’existence d’"une mission d’identification du Soudan". Il s’est toutefois empressé d’ajouter que "nous n’avons pas d’accord avec ce pays.", en faisant référence au territoire de l’Hexagone. Si ces faits de tortures étaient prouvés, la France pourrait être dans le collimateur de la Cour européenne des droits de l’Homme.
Source : JDD