La répression musclée exercée par les forces de l’ordre tunisiennes lors des manifestations contre la vie chère ce week-end a fait entre 14 et 35 morts, selon plusieurs sources.
Les villes de Thala et Kasserine, dans les centre-ouest de la Tunisie, ont été le théâtre de heurts sanglants sans précédent samedi 8 et dimanche 9 janvier 2011.
Selon un bilan officiel diffusé hier soir par le gouvernement tunisien, les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants ont fait 14 morts - 20 selon l’opposition et 23 selon une liste de témoignages établie par le journal Le Monde - . Mais selon des sources syndicales, le bilan est encore plus dramatique, faisant état de 35 morts.
Depuis la mi-décembre, la Tunisie est confrontée à une vague de troubles sociaux sans précédent. Tout a commencé à Sidi Bouzid (265km de Tunis) avec le suicide le 17 décembre d’un marchand ambulant. Ce dernier s’était immolé par le feu pour protester contre la saisie de ses marchandises (des fruits et légumes). La victime Mohamed Bouazizi, 26 ans, qui était décédé des suites de ses brûlures, est devenu le symbole de la révolte sociale contre la vie chère et le chômage.
Des actes suicidaires, des manifestations et autres grèves se sont multipliés ces dernières semaines, et ont pris une tournure sanglante ce week-end. Selon l’opposition, les forces de sécurité tunisiennes ont tiré à balles réelles.
L’opposition à l’instar du Parti démocratique progressiste (PDP) a appelé à "un cessez-le-feu immédiat". Le président du PDP Ahmed Nejib Chebbi a rapporté à la presse que les forces de l’ordre ont aussi "tiré sur les cortèges funèbres".
Plusieurs bâtiments ont aussi été pillés et incendiés au cours de ces émeutes, principalement à Thala et à Kasserine.