Le bilan de l’insurrection populaire en Libye est dramatique. Plusieurs témoignages évoquent entre 600 et 2 000 morts. Officiellement, le régime Kadhafi ne reconnaît que 300 morts.
Dans son discours du mardi 22 février, Mouammar Kadhafi avait menacé de "boucheries " ses opposants armés. " Rendez vos armes immédiatement, sinon il y aura des boucheries ", avait-t-il lancé.
Aujourd’hui, le spectre de " rivières de sang " en Libye que tout le monde redoutait devient réalité.
Invité sur Europe 1 hier soir, Gérard Buffet, médecin français rapatrié de Libye, avance un bilan se situant "entre 1.500 et 2.000 morts", pour la seule région de Benghazi, dans l’Est.
"Il y avait des gens déchiquetés, brûlés, carbonisés", témoigne le médecin, qui se dit de " retour de l’enfer ".
Cette même source rapporte aussi que Mouammar Kadhafi aurait recruté des milliers de mercenaires tchadiens et maliens, vraisemblablement pour "nettoyer la Libye" de ses opposants, et ce, "maison par maison", comme cela avait été annoncé mardi.
Pour sa part, la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) fait état d’au moins 640 morts depuis le début de la révolte libyenne, dont 275 à Tripoli et 230 à Benghazi. Le président de la FIDH, Souhayr Belhassen, précise que parmi les victimes comptabilisées à Benghazi figurent 130 militaires qui ont été exécutés par leurs chefs parce qu’ils ont refusé de tirer sur la foule" de manifestants.
Dans la foulée, un ancien chef du protocole de Mouammar Kadhafi, Nouri El-Mismari, a affirmé hier que la répression en Libye a fait au total plus de 1.000 morts, dont 600 à Tripoli.
Hier mercredi 23 février, la situation au pays de Kadhafi est restée relativement calme, malgré la montée en puissance des rebelles armés dans la partie Est, région frontalière de l’Egypte.
En effet, les opposants aux régimes seraient parvenus à prendre le contrôle de la côte est de la Libye, de la ville d’Ajda Biya en passant par Benghazi, jusqu’ à Tobrouk. Des journalistes internationaux sur le terrain déclarent avoir vu des soldats se joindre aux insurgés pour prendre possession de ces régions.
" La région de la Cyrénaïque qui représente un tiers de la superficie de la Libye n’est plus sous le contrôle du gouvernement libyen, et des affrontements et violences sont en cours dans tout le pays ", confirme le ministre des Affaires étrangères de l’Italie, Franco Frattini.