De nombreux migrants au Maroc sont habités par le rêve de rejoindre l’Espagne clandestinement. Les rafles et les déplacements forcés des clandestins ne les font pas reculer.
Des milliers de migrants au Maroc subissent des rafles et des déplacements forcés des clandestins. Depuis le mois de juillet dernier, les autorités marocaines ont mis en place une vaste campagne de "relocalisation" avec parfois des rapatriements en avion vers les pays d’origine. Malgré tout, ils n’ont pas abandonné leur "rêve" de partir clandestinement en Espagne. C’est le cas par exemple d’Achille, un Camerounais de 28 ans accompagné de sa femme et de son fils de 2 ans. Avec d’autres migrants, ils ont été renvoyés dans des bus en direction de Tiznit, une ville située à 800 kilomètres au sud du Maroc après avoir passé 4 jours passés au sous-sol d’un commissariat à Tanger.
Cette campagne de relocalisation a pour but de "lutter contre les réseaux de trafic qui s’activent dans le nord du royaume", ont expliqué les autorités marocaines citées par L’Express. Selon les mêmes sources, 54 000 tentatives de passage avortées ont été enregistrées entre janvier et fin août. De nombreuses associations ont dénoncé des "violations des droits de l’Homme" dans cette campagne. Pour autant, les migrants ne baissent pas les bras. Certains restent à l’affût d’une éventuelle arrestation des forces de l’ordre, d’autres restent allongés sur des matelas, le temps d’attendre leur départ. "Nous vivons ici comme des animaux", a confié Wilfred, 35 ans. "Ces gens autour de moi sont mes frères, aujourd’hui ils sont Africains, demain ils deviendront Européens", espère-t-il.
Selon les chiffres de l’OIM, 43 000 migrants sont partis pour l’Espagne depuis le début de l’année. Parmi eux, 38 000 ont emprunté la voie maritime et 362 sont morts ou portés disparus. D’après les autorités, les opérations de relocalisation ont pour principal objectif d’extirper les candidats de l’étau des réseaux de trafic en forte expansion dans le nord du Maroc. Des défenseurs des droits de l’homme ont toutefois vivement critiqué ces déplacements. Mi-octobre, le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem) a dénoncé la politique "discriminatoire" du Maroc à l’égard des quelque 6 500 migrants originaires d’Afrique subsaharienne.
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