Nicolas Sarkozy parle de "coup d’état" il rejoint ainsi la position prise par d’autres pays comme les Etats-Unis. Les Etats-unis ont également annoncé la suspension de leur aide non humanitaire.
La communauté internationale, après plusieurs jours d’hésitations, a dénoncé vendredi un "coup d’Etat" à Madagascar, pays dirigé depuis mardi par Andry Rajoelina et qui a été suspendu de l’Union africaine.
Après l’Union européenne, qui avait d’emblée parlé de "coup d’Etat", les Etats-Unis se sont, comme la France, ralliés vendredi à cette terminologie, après avoir d’abord évoqué un processus "non démocratique".
Pour Washington désormais, l’éviction mardi du président Marc Ravalomanana, après trois mois de crise politique et une centaine de morts, "équivaut à un coup d’Etat et les Etats-Unis ne vont pas maintenir leur partenariat actuel d’aide à Madagascar", a déclaré un porte-parole du département d’Etat, Robert Wood. "Les Etats-Unis suspendent toute leur aide non-humanitaire à Madagascar", a-t-il ajouté.
La France, premier bailleur de fonds et ancienne puissance coloniale, n’en est pas à ce stade. Elle maintient sa coopération économique et "il n’est pas question" de suspendre l’aide bilatérale à "la "population malgache", a dit vendredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier. Il n’a toutefois pas exclu des discussions à l’UE sur d’éventuelles sanctions.
Vendredi, peu après que le ministère français eut parlé de "changement de pouvoir hors normes", le président Nicolas Sarkozy, à Bruxelles pour un sommet européen, a repris l’expression de "coup d’Etat", en réclamant "des élections le plus rapidement possible", "seule façon de sortir de l’imbroglio" selon lui.
Depuis le début de la crise, la France affiche sa prudence en se voulant "impartiale", en appelant régulièrement les parties au "dialogue" et à ne pas recourir à la violence. Quelque 20.000 ressortissants français vivent à Madagascar, dont la moitié de bi-nationaux. La France avait aussi accueilli il y a une semaine et pendant quelques jours, dans une résidence diplomatique de la capitale, Andry Rajoelina qui craignait pour sa sécurité.
Peu après son arrivée à Madagascar, un nouvel ambassadeur français, Jean-Marc Châtaigner, a rencontré jeudi le nouvel homme fort de la Grande île "pour une visite de courtoisie" dans les bureaux de la présidence, dans le centre d’Antananarivo, avait constaté un journaliste de l’AFP.
Vendredi, la France a jugé "regrettable" la suspension jeudi du Parlement malgache. "J’observe que la première décision c’est la suppression du Parlement, ce qui n’est quand même pas un signe extrêmement positif", a souligné M. Sarkozy.
A l’UA, de possibles "sanctions" sont évoquées "si un retour à l’ordre constitutionnel n’intervient pas très rapidement". Un sommet des chefs d’Etat de l’UA, prévu en juillet à Madagascar, pourrait aussi être mis en cause.
Selon le gouvernement sud-africain, l’Afrique australe a prévu d’organiser un sommet d’ici la fin du mois à Johannesburg pour réfléchir à d’éventuelles sanctions contre Madagascar.
Une prise de position est enfin attendue de l’ONU qui a dit mercredi n’être pas en mesure de se prononcer sur la légalité du nouveau pouvoir malgache.