L’homme fort de Madagascar Andry Rajoelina a annoncé son retrait de la prochaine présidentielle pour sortir l’ile de la crise politique, sans convaincre de sa bonne foi l’opposition qui continuait jeudi de dénoncer son "unilatéralisme".
ANTANANARIVO (AFP) - L’homme fort de Madagascar Andry Rajoelina a annoncé son retrait de la prochaine présidentielle pour sortir l’ile de la crise politique, sans convaincre de sa bonne foi l’opposition qui continuait jeudi de dénoncer son "unilatéralisme".
M. Rajoelina a annoncé mercredi soir un calendrier pour la transition, prévoyant un référendum constitutionnel le 12 août, des élections législatives le 30 septembre et une élection présidentielle le 26 novembre.
Il a affirmé avoir "pris la décision de ne pas être candidat" à ce scrutin, "pour terminer la transition dans la neutralité" et mettre un terme à "la crise politique qui a assez duré".
Jeudi sur Radio France internationale (RFI), M. Rajoelina a demandé que les anciens présidents du pays aujourd’hui dans l’opposition ne soient pas davantage candidats à la présidentielle.
Concernant en particulier l’ancien président Marc Ravalomanana, que M. Rajoelina a chassé du pouvoir en mars 2009 avec le soutien de l’armée, l’actuel président de la Transition a estimé que "la loi ne lui permettait pas de se présenter" à la présidentielle car "il a été jugé et condamné".
Madagascar est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008. Après des accords signés en 2009 à Maputo et Addis Abeba mais restés lettre-morte, une nouvelle tentative de médiation internationale s’est soldée par un échec début mai à Pretoria.
La semaine dernière, M. Rajoelina, dont le régime est sous le coup de sanctions de l’Union africaine, avait échoué à obtenir un ralliement franc de l’armée, avec qui il voulait constituer un gouvernement militaro-civil.
Sa promesse de ne pas se présenter à la présidentielle "n ?a aucune importance, car je retiens surtout le caractère unilatéral de son annonce de calendrier électoral", a commenté à l’AFP le chef de la mouvance de l ?ancien président Albert Zafy, Emmanuel Rakotovahiny.
"Il y a des textes qui ont été signés, que les quatre chefs de file (Rajoelina et les trois anciens présidents) se mettent autour d ?une table et qu ?ils modifient ensemble ce qu ?ils veulent", a-t-il proposé.
"Il faut reconnaître qu ?il a eu du courage, mais il est pris en tenaille par les trois mouvances, ses propres alliés, et l ?appareil d ?Etat qui se délite", estime Raharinaivo Andrianantoandro, de la mouvance de Marc Ravalomanana.
Dénonçant lui aussi "l ?unilatéralisme" du processus, il juge que "des problèmes importants, comme l ?amnistie de M. Ravalomanana, ne sont pas résolus par cette simple annonce".
L ?opposition n ?est ainsi pas disposée à participer à la première étape de cette nouvelle feuille de route, le "dialogue national" prévu du 27 au 29 mai.
"Quel intérêt si c ?est lui qui l ?organise ? Nous en avons assez de la manipulation", lance Monja Roindefo, ancien Premier ministre de Rajoelina, devenu l ?un de ses détracteurs. "Qui va croire qu ?il va cette fois tenir parole ?", s ?interroge-t-il.
"C ?est une déclaration très sage et très positive (...) une leçon de démocratie aux grands anciens", s’est en revanche félicité le Premier ministre Camille Vital. "Si ça bloque, ce ne sera plus la faute d ?Andry Rajoelina", selon M. Vital, qui espère que "la communauté internationale se montrera désormais objective".
La France a immédiatement salué l’annonce de M. Rajoelina qui place Madagascar "sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel".
L’Afrique du Sud, très impliquée jusqu’il y a peu dans la médiation, s’est en revanche refusée "à commenter des décisions politiques prises individuellement par des dirigeants", exigeant une nouvelle fois le "retour à l’ordre constitutionnel".