La France annonce l’intensification des frappes aériennes en Libye, mais refuse de déployer ses soldats aux côtés des insurgés. C’est ce qui ressort de la déclaration du chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui s’est déclaré hier " hostile " à l’envoi des forces françaises en renfort aux rebelles libyens.
" S’ils ne viennent pas, nous allons mourir. ". Ce message de détresse a été lancé par les rebelles piégés dans la ville assiégée de Misrata. En clair, la rébellion libyenne demande l’appui des troupes étrangères pour tenir tête aux hommes de Mouammar Kadhafi. Cette situation désespérée a été confirmée hier par le représentant du Conseil national de transition (CNT) de Benghazi, Nouri Abdallah Abdoullati, lors de son passage à l’Elysée. " Nous n’avons accepté jusqu’à présent la présence d’aucun soldat étranger dans notre pays, mais désormais nous sommes confrontés aux crimes de Kadhafi et nous demandons sur la base de principes humanitaires et islamiques que quelqu’un vienne et fasse cesser la tuerie ", déclare le responsable de l’opposition libyenne qui s’exprime au nom des insurgés.
En déplacement en Ukraine, le premier ministre François Fillon a annoncé hier que la France allait intensifier ses frappes aériennes en Libye pour protéger les civils. Avant de s’envoler pour la Tunisie, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a quant à lui déclaré que l’armée française exclut toute intervention au sol. Lundi 18 avril, le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Axel Poniatowski, a pourtant proposé l’envoi de 200 à 300 forces spéciales pour éviter l’enlisement des opérations en Libye. Selon lui, des " troupes d’élite non combattantes devraient être déployées aux côtés des insurgés pour désigner des cibles au sol, ce qui évitera des frappes à l’aveugle des forces de l’Otan ".
Pour sa part, Washington semble " vouloir s’extirper du bourbier libyen ". Dans une interview au quotidien Financial Times, le vice-président américain Joe Biden estime que l’Otan " peut très bien se débrouiller seul en Libye, sans l’aide des Etats-Unis ". L’Otan pourrait gérer la situation en Libye même " si Dieu Tout-puissant extirpait les Etats-Unis de l’Otan et nous déposait sur la planète Mars de telle façon à ce qu’on ne puisse plus participer aux opérations militaires ", déclare-t-il. Et de poursuivre : " Ce serait bizarre de dire que l’Otan et le reste du monde n’ont pas les ressources suffisantes pour s’occuper de la Libye. Ce n’est pas le cas (…) Il arrive que d’autres pays manquent de volonté, mais ce n’est pas une question de ressources ", conclut-il.
En six semaines, on dénombre dans la seule ville de Misrata, pas moins de mille morts, d’après des sources médicales. Et depuis le début du conflit, les affrontements entre les rebelles et les forces loyalistes du colonel Kadhafi auraient déjà fait plus de 10 000 morts dans tout le pays, d’après le CNT.