La magie et l’euphorie de la Coupe du Monde se sont estompées. L’Afrique du Sud retourne à sa triste réalité : pauvreté, haut niveau d’inégalité sociale, chômage, criminalité et … xénophobie.
Depuis mars, des rumeurs d’une nouvelle flambée de violences à caractère xénophobe après la Coupe du Monde ont parcouru l’Afrique du Sud, deux ans après la tragédie de 2008. En mai 2008, les sud-africains appartenant à la classe défavorisée s’en étaient pris aux zimbabwéens, mozambicains ou somaliens qui ont eu le malheur d’élire domicile en Afrique du Sud. Les violences ciblées avaient fait 62 deux morts et jeté à la rue plus de 100 000 personnes. Les étrangers sont notamment accusés de voler des emplois aux autochtones, dans un pays où le taux de chômage atteint les 25 %.
Ainsi, au lendemain du coup de sifflet final du Mondial, agressions et pillages de magasins appartenant à des étrangers se multiplient dans la région du Cap, de Johannesburg et le nord-est de l’Afrique du Sud. Au moins onze personnes ont été blessées dans un township de Johannesburg. Parmi les blessés figurent des zimbabwéens et des mozambicains. Le gouvernement sud-africain ne veut pas encore entendre parler de xénophobie. Selon le Ministre de la Police Nathi Mthethwa, des groupes de jeunes délinquants "profitent des rumeurs". Toutefois, il a précisé que la police est prête à intervenir en cas de débordement massif. Par ailleurs, l’armée a été rappelée en renfort pour patrouiller dans le township de Kya Sands. Au moins dix personnes ont été arrêtées jusqu’ici.
Quoiqu’il en soit, les étrangers se préparent déjà à toutes éventualités. De son côté, le Zimbabwe a ouvert des abris temporaires pour ses ressortissants qui commencent à quitter l’Afrique du Sud. Des plans d’urgence ont même déjà été mis en place en cas de retours massifs. "Il y a eu une augmentation du trafic à Beitbrigde (principal poste-frontière entre le Zimbabwe et l’Afrique du Sud), mais cela ne concerne pas que des Zimbabwéens, il y a aussi des Zambiens ou des Malawites", a indiqué le chef des services zimbabwéens de la protection civile, Madzudzo Pawadyira.