La situation se crispe en Côte d’Ivoire. Le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, Charles Blé Goudé, également leader du comité de soutien à Gbagbo "Jeunes patriotes", envisage sérieusement de prendre d’assaut l’Hôtel du Golf, sis à Abidjan, où sont retranchés Alassane Ouattara et son gouvernement, sous la garde des casques bleus et l’ex-rébellion des Forces Nouvelles (FN).
" Moi Charles Blé Goudé et les jeunes de Côte d’Ivoire, allons libérer le Golf Hôtel les mains nues ", a-t-il lancé ce mercredi 29 décembre devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés à Yopougon, un quartier d’Abidjan.
Cette menace intervient alors que le nouvel ambassadeur de la Côte d’Ivoire à l’ONU, nommé par Ouattara, Youssouf Bamba, a présenté ses lettres de créances à Ban-Ki-Moon hier au siège des Nations-Unis à New York.
A cette occasion, Youssouf Bamba a demandé à l’ONU d’agir pour empêcher un " génocide ", car, selon lui, le risque d’une " guerre civile " en Côte d’Ivoire se précise de plus en plus suite à l’appel de Charles Blé Goudé.
Le nouvel ambassadeur ivoirien qui se dit « vraiment inquiet », redoute aujourd’hui de nouveaux affrontements inter-ethniques dans certaines régions de la Côte d’Ivoire. Dans certaines zones, les maisons ont été marquées en fonction de l’appartenance tribale de leurs occupants, selon ses dires.
" Qu’est-ce qui va se passer après ? La situation est très grave et c’est le message que j’ai transmis au cours des rencontres que j’ai eues, y compris avec le secrétaire général [Ban Ki-Moon] ", a-t-il dit à sa sortie du siège new-yorkais des Nations-Unies.
Par ailleurs, la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) écarte pour le moment l’éventualité d’une ’ intervention militaire ’ pour faire plier Laurent Gbagbo. Le processus de médiation mené de main de maître par les trois présidents africains (le Béninois Boni Yayi, le Siérra-léonais Ernest Koroma et le Capverdien Pedro Pires) est en cours. Une nouvelle mission en Côte d’Ivoire est prévue pour le 3 janvier 2011.
" La première initiative de la médiation a permis d’établir un pont vers le dialogue entre les deux camps (Ndlr : ceux de Gbagbo et de son rival Ouattara). Il convient de laisser " de l’espace et du temps pour bien réfléchir aux intérêts du pays et envisager une solution pacifique ", a déclaré aux médias le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Cap-Vert, Jorge Borges. " Nous n’en sommes qu’au début (de la médiation), mais les deux parties ont demandé du temps pour réfléchir, ce que nous voyons comme un signe très positif. ", a-t-il poursuivi.