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Depuis mars, une opération pour rebaptiser les noms des rues a été lancée en Côte d’Ivoire. Elle a pour but de moderniser la ville en honorant des personnalités du pays.
Ces dernières années, plusieurs pays ouest-africains ont choisi de renommer certaines de leurs rues pour réduire la visibilité de l’héritage colonial français. Cependant, la Côte d’Ivoire, fidèle alliée de Paris, a opté pour une approche différente.
Selon Alphonse N’Guessan, responsable du projet au ministère de la Construction, le pays n’a pas voulu suivre cette tendance. Il a précisé que le but était de "moderniser le système de dénomination des rues", rapporte 20 Minutes. Il a ajouté que les noms des rues "n’étaient pas forcément utilisés par la population, et qu’un nom de rue doit être porteur d’histoire et de culture pour la population".
Parmi les changements notables, le "boulevard V. Giscard d’Estaing", reliant le centre d’Abidjan à l’aéroport, a vu son nom remplacé par celui de Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire. Le boulevard de France a été rebaptisé en l’honneur de Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, Première dame du pays. Désormais, le boulevard de Marseille porte le nom de Philippe Grégoire Yacé, ancien président de l’Assemblée nationale, selon Sud Ouest.
D’après l’urbaniste Wayiribé Ismaïl Ouattara, il est crucial pour les Africains de "s’identifier à l’évolution de leur ville", notamment pour une jeunesse en pleine croissance qui n’a pas les mêmes repères que les générations précédentes.
Wayiribé Ismaïl Ouattara insiste que la dénomination des rues ne vise pas à effacer la mémoire collective. Certaines rues, rendant hommage à des figures françaises, n’ont pas été rebaptisées. C’est le cas des communes de Treichville, nommée d’après l’administrateur colonial Marcel Treich-Laplène, et de Bingerville, en hommage à Louis Gustave Binger, ancien gouverneur colonial.
Sur les 15 000 rues d’Abidjan, environ 600 étaient déjà nommées, mais beaucoup d’autres ont maintenant été attribuées à des personnalités locales ou à des concepts. Ces décisions ont été prises en concertation avec la société civile et les chefs traditionnels, précise Alphonse N’Guessan.
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