Moncef Marzouki, un farouche opposant à Ben Ali, a été élu président de la Tunisie par l’Assemblée nationale constituante selon LeFigaro. Agé de 66 ans ce dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), Marzouki est très critiqué pour son alliance avec les islamistes.
Moncef Marzouki a été élu, lundi 12 décembre, président de la Tunisie par 153 voix pour, 3 contre, 2 abstentions et 44 votes blancs sur un total de 202 votants sur les 217 membres de l’Assemblée nationale constituante. Cet opposant historique à l’ancien régime de Ben Ali est réputé pour son intransigeance et ses talents de tribun. Il restera dans les annales comme le Président de la première république arabe libre de Tunisie.
« Ce jour est mémorable, vive la Tunisie du plus profond de mon cœur », a-t-il annoncé à l’issue du vote d’hier tout en déclarant être « fier de porter la plus précieuse des responsabilités, celle d’être le garant du peuple, de l’Etat et de la révolution ». Moncef Markouzi sera investi ce mardi après une assermentation au Palais présidentiel de Carthage. Il désignera par la suite son Premier ministre et devra soumettra son équipe à l’approbation de l’assemblée dans les prochains jours.
Ce scrutin de lundi fait suite à l’adoption d’une constitution provisoire, dimanche, permettant de désigner le futur président et un chef de gouvernement qui dirigeront le pays jusqu’à la tenue d’élections générales et l’adoption d’une constitution définitive par l’Assemblée constituante élue le 23 octobre. La constitution provisoire de 26 articles a été approuvée par 141 voix pour, 37 contre, onze mois après la fuite en Arabie saoudite du président Zine El Abidine Ben Ali, chassé par un soulèvement populaire le 14 janvier.
Moncef Marzouki, fondateur du Congrès pour la République (gauche nationaliste), a vécu plus du tiers de sa vie en France. Il passe quinze années à Strasbourg, où il décroche son diplôme de neurologie. En 1979, il décide de rentrer en Tunisie et devient président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme et en même temps Professeur de santé publique. En 2001, il se résout à l’exil après s’être privé d’emploi et de ressources par le régime de Ben Ali. Il décide alors de retourner en France où il exercera son métier de Professeur de médecine à Bobigny pendant quatre ans, puis à Créteil, auprès des communautés défavorisées.
Ce farouche opposant a regagné la Tunisie le 18 janvier dernier, quatre jours après la fuite de Ben Ali. Son positionnement politique est à gauche et se dit soucieux de l’identité "arabo-musulmane". Cependant, ses anciens militants des droits l’homme lui reprochent d’avoir "pactisé avec le diable" par ambition quand il décide d’afficher son alliance avec les islamistes d’Ennahda. Ces derniers ont décroché la majorité des voies durant le vote du 23 octobre. 89 députés au sein de l’assemblée constituante sont issus d’Ennahda, ce qui fait de ce parti la première force politique du pays.