Sous la pression de la rue, le gouvernement intérimaire a déposé sa démission au Conseil suprême des forces armées (SCAF ou CSFA), a annoncé hier la télévision publique de l’Egypte.
Le gouvernement militaire qui a succédé au président déchu Hosni Moubarak a cédé après trois jours d’émeutes et d’affrontements meurtriers entre policiers et manifestants sur la place Tahrir du Caire. Ces affrontements qui rappellent l’insurrection populaire du février ont déjà fait au moins 33 morts et 1.250 blessés depuis samedi dernier.
La démission de tous les membres du cabinet intérimaire n’a toutefois pas suffi à calmer la révolte dans la rue. Des dizaines de milliers d’Egyptiens, environ 20 000 selon différents médias, ont continué d’occuper jour et nuit le cœur de la capitale égyptienne pour revendiquer le départ des vieux caciques de l’ancien régime, dont le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ex-ministre de la Défense, qui a pris les rênes du Conseil suprême des forces armées (CSFA) après le renversement de Hosni Moubarak. "Le peuple veut la chute du maréchal !", insiste la foule qui accuse les militaires d’être responsables du nouvel embrasement de la place Tahrir, un haut-lieu de la contestation égyptienne.
A quelques jours des élections prévues le 28 novembre, les manifestants, pour la plupart des jeunes âgés entre 15 et 30 ans, exigent que la junte militaire fixe un calendrier rapide de transfert du pouvoir aux civils. Pour eux, la "révolution du Nil" n’est pas encore finie, même si cela fait dix mois que cela dure. De son côté, l’armée a démenti avoir tenté d’évacuer manu militari la place Tahrir. Les autorités ont assuré que la police n’a pas ouvert le feu sur les manifestants, alors que la plupart des cadavres transférés à la morgue du principal hôpital du Caire ont des impacts de balles, selon une source médicale.
Les généraux ont exprimé leur "profond regret pour les victimes des ces incidents malheureux", rapporte l’agence de presse officielle Mena. "Nous appelons toutes les composantes de la nation à faire preuve de la plus grande retenue de manière à éviter de nouvelles victimes", ajoute une déclaration de l’armée.