Des témoins ont rapporté que des exécutions sommaires de civils, des viols et des actes de pillage ont été commis par des soldats maliens et des combattants étrangers à Moura (Mali).
Les autorités maliennes ont annoncé, dans la soirée du mercredi 6 avril, l’ouverture d’une enquête concernant des centaines de morts à Moura (centre du Mali).
Le procureur auprès du tribunal militaire de Mopti a fait savoir cette information dans un communiqué. "A la suite des allégations d’exactions présumées commises sur des civils (…), des enquêtes ont été ouvertes par la gendarmerie nationale sur instructions du ministère de la Défense et des anciens combattants", a-t-il écrit. Ainsi, des investigations approfondies seront menées afin de faire toute la lumière sur ces allégations, rapporte le journal Le Parisien.
Pour ce faire, le magistrat a ajouté qu’il se rendra "très prochainement" sur place avec des enquêteurs et un médecin légiste.
Deux versions diamétralement opposées sont constatées dans cette affaire. Effectivement, l’armée malienne dit avoir "neutralisé" 203 djihadistes lors d’une opération d’envergure.
Des témoins interrogés par la presse ou l’ONG Human Rights Watch (HRW) rapportent cependant, une masse d’exécutions sommaires de civils, des viols et des actes de pillage. Ces méfaits ont été commis par des soldats maliens et des combattants étrangers présumés être des Russes.
Selon HRW, 300 civils, dont certains suspectés d’être des djihadistes ont été exécutés. L’ONG parle du "pire épisode d’atrocités" commis depuis le déchaînement des violences au Mali en 2012.
La France, les Etats-Unis, l’Union européenne ou encore la Commission malienne des droits de l’homme ont demandé l’ouverture d’une enquête concernant cette affaire.
Mercredi, l’expert indépendant de l’ONU sur les droits de l’homme au Mali, Alioune Tine, a réclamé également une investigation. Lors d’une conférence de presse à New York, le porte-parole onusien Stéphane Dujarric a souligné que les Nations unies ont ouvert une enquête et que les experts de la Mission onusienne au Mali (Minusma) cherchaient à se rendre sur le site "le plus rapidement possible".
Par ailleurs, Alioune Tine a exhorté les autorités maliennes à accorder "un accès sans entraves à la Division des droits de l’homme afin qu’elle puisse mener une enquête approfondie". Selon ses dires, les conclusions de ces investigations devront être rendues publiques.
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