Plusieurs mineurs du gisement de Marikana, en Afrique du Sud, ont été tués hier alors qu’ils faisaient grève pour demander des augmentations de salaires, jugées exorbitantes.
La grève des mineurs du site de Marikana s’est terminée en bain de sang. La presse locale affirme avoir dénombré au moins dix-huit corps allongés au sol, sans préciser s’ils étaient morts ou blessés. Il y a bien eu des victimes, confirment les autorités sud-africaines, sans communiquer leur nombre.
Armés de bâtons et de machettes, plusieurs centaines de mineurs réclamaient des augmentations de salaires, jugées exorbitantes par la direction de la mine.
Au plus fort de la grève, des éléments de la police, lourdement armés et à bord de véhicules blindés, sont intervenus pour disperser les grévistes. Officiellement, ils ont fait usage des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Mais l’agence de presse SAPA (South African Press Association) a relayé un dénouement tragique du conflit social. Plusieurs mineurs s’étaient retrouvés à terre, apparemment blessés ou tués. Un bilan provisoire parvenu à la presse fait état d’au moins 25 morts.
De violents coups de feu ont retenti quand une foule évaluée de 3000 personnes, des employés de la mine, allait franchir des barrages de fils barbelés dressés par la police. Débordés par cette horde, les policiers auraient tiré des rafales avec des armes automatiques.
Les chaines de télévision locales ont diffusé la scène montrant un groupe de mineurs visés alors qu’ « il surgissait de derrière un véhicule ». « Compte tenu de la volatilité de la situation, la police a fait de son mieux », a-t-on expliqué du côté des autorités. Selon certains témoignages, des mineurs auraient répliqué avec des armes à feu.
Depuis dimanche, les violences liées à ces revendications salariales ont déjà fait plus de dix morts, d’après les médias locaux. Soutenus par des petits syndicats du pays, les mineurs se disent déterminés à se faire entendre au péril de leur vie.
"Ils ...ont dit qu’ils étaient prêts à mourir (...) qu’ils n’avaient pas l’intention de bouger, qu’ils allaient appeler leurs enfants à les rejoindre", déclare un porte-parole du syndicat des mineurs, Lesiba Seshoka.
La mine de Marikana, située au nord-est de Johannesburg, est exploitée par la société Lonmin. Jeudi dans la journée, la direction a ordonné aux grévistes de reprendre le travail dès vendredi, sous peine d’être licenciés. A noter que les mineurs sont payés en moyenne à raison de 4 000 rands par mois (400 euros). Mais ils demandent des augmentations s’élevant jusqu’à 1 250 euros par mois.
"Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide. Les sociétés minières font de l’argent grâce à notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère", fait valoir l’un des mineurs Thuso Masakeng.
Source : Le Monde