Le manque de prise en charge de paludisme en Guinée peut être beaucoup plus fatal que l’épidémie d’Ebola. Les gens fiévreux évitent les centres de soins par peur de contracter Ebola.
Une explosion des cas du paludisme non traités est à craindre à Guinée. Les études de la revue « The Lancet Infectious Diseases, publiées ce mercredi 24 juin, fait état de 74.000 cas de paludisme en moins au cours de l’année 2014 par rapport aux années précédentes, accueillis dans les établissements de soins guinéens. Et c’est le manque de prise en charge qui provoque la hausse sensible du taux de mortalité lié au paludisme en Guinée.
Les spécialistes l’entérinent. Pour le Dr. Mateusz Plucinnski, des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta, les décès dus au paludisme sont "vraisemblablement beaucoup plus importants que ceux provoqués par le virus d’Ebola". En Guinée, cette épidémie a fait plus de 2.400 morts alors qu’en Afrique de l’Ouest, le nombre total de décès à cause du virus est évalué à plus de 11.000 personnes.
"Le paludisme est l’une des principales causes de fièvre et de consultation en Guinée, mais nos données suggèrent que les gens fiévreux ont évité les centres de soins par peur de contracter Ebola ou d’être envoyés dans des centres de traitements Ebola", explique Dr. Mateusz Plucinnski. Ainsi, le nombre des patients qui reçoivent des traitements antipaludéens oraux a baissé de 24% pendant l’épidémie Ebola en 2014, par rapport à 2013. Le même phénomène s’est probablement produit en Sierra Leone et au Liberia, remarque le médecin.
Les travaux de modélisation de The Lancet, en avril, indique que le paludisme aurait fait 11.000 morts supplémentaires dans les trois pays. Environ 4.000 autres décès avaient déjà été enregistrés à cause des ruptures d’approvisionnement en moustiquaires dans ces mêmes pays.