Difficultés économiques, dictature islamiste et conflits qui sévissent dans leur pays sont autant de raisons pour lesquelles les Soudanais quittent leur pays pour s’installer en Europe.
Ces dernières semaines, une grande affluence de migrants, en majorité des Soudanais et des Erythréens sont arrivés en Europe via la Libye et la Méditerranée et se sont installés à Vintimille, en Italie, à Paris ou à Calais. En 2014, l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides, l’organisme public chargé d’étudier chaque cas) a recensé 1 792 dépôts de dossier en France. Hormis les problèmes politiques, les raisons de l’immigration soudanaise sont plus complexes.
Le conflit de Darfour
La majorité de ces migrants originaires du Soudan provient du Darfour, cette région en rébellion contre le pouvoir central de Khartoum depuis le milieu des années 2000. L’Onu fait état d’au moins 300 000 morts à l’issue du conflit. "La guerre continue, tout simplement", a précisé à MYTF1News Philippe Hugon, directeur de recherches sur l’Afrique à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). Alors que le calme s’est instauré pendant une courte période, les combats ont atteints de nouvelles intensités depuis 2013, et ce, malgré la présence d’une force de l’Onu sur place.
Apatrides après l’indépendance du Sud
Certains réfugiés soudanais proviennent de régions récupérées par Khartoum après l’indépendance du Sud, tout en rejetant leurs habitants. "Cette politique a créé des milliers d’apatrides", explique Philippe Hughon en citant le cas des Noubas. Ayant appuyé les séparatistes du Sud pendant la guerre, avant que le Kordofan du Sud, l’Etat dont ils dépendent sur le plan administratif, ne soit relié au Soudan, ils sont victimes d’incessantes attaques.
Un niveau de vie en baisse depuis 2011
La situation économique du pays représente un autre facteur qui pousse les plus jeunes à fuir leur pays. "Le régime, tyrannique et despotique, n’a rien fait pour développer le pays et améliorer la vie de population. Il mise surtout sur la sécurité et l’armée pour assurer son maintien", regrette Marc Lavergne, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de la Corne de l’Afrique. Depuis 2011 et l’indépendance du Soudan du Sud, le niveau de vie a connu une baisse considérable au Soudan. En effet, le Soudan du Sud a repris de nombreux puits de pétrole, principal ressource de Khartoum. A cela s’joute la chute du prix du baril qui n’a fait qu’empirer les choses. "Il n’est donc pas très étonnant que certains Soudanais choisissent de partir en Europe", a-t-il ajouté.