La ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo, a accusé François Hollande d’avoir tenu un discours paternaliste et "pas très élégant".
Samedi, face à la trentaine de dirigeants, majoritairement africains, réunis dans la capitale sénégalaise à l’occasion du Sommet de la Francophonie, François Hollande avait insisté sur les "leçons" démocratiques de Tunisie et du Burkina Faso, et lancé un avertissement aux dirigeants qui voudraient se maintenir à tout prix au pouvoir "par intérêt personnel" en changeant les constitutions de leurs pays.
Un discours qui n’a pas été du goût de tous, en particulier de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. S’exprimant, sur France 24, elle a indiqué : "je trouve cela gênant qu’un président qui est avec ses pairs, ici, au sommet de la Francophonie, vienne pour ne pas discuter avec eux, mais pour dicter ce qui devait se passer dans leurs pays ; je trouve cela assez inélégant ".
La diplomate rwandaise concède en revanche que François Hollande puisse avoir son opinion, donner des conseils à ses homologues, mais récuse le fait pour ce dernier de le dire sur un ton assez arrogant du genre : "Je suis venu dire aux Africains" et de rétorquer"je trouve que ce n’est pas normal ! Nous sommes en 2014 !". Pour la ministre, Paris n’a pas à décider de l’avenir politique des Africains.
En avril dernier, la ministre avait déjà fustigé la prise de position de François Hollande en boycottant les commémorations du génocide rwandais après les propos du président Paul Kagame qui avait accusé Paris d’avoir joué un "rôle direct dans la préparation du génocide". "Il est impossible pour nos deux pays d’avancer, si la condition est que le Rwanda doive oublier son histoire pour s’entendre avec la France (...) Nous ne pouvons avancer au détriment de la vérité historique du génocide", avait alors déclaré la chef de la diplomatie rwandaise.
Au Rwanda, un débat a été lancé par les partis proches du pouvoir sur le maintien à la tête de l’Etat après 2017 du président Paul Kagame, en réclamant un référendum pour modifier la Constitution et lui permettre d’accéder à un nouveau mandat. Le texte actuel, adopté en 2003, limite à deux le nombre de mandats présidentiels et interdit donc à Paul Kagame, élu en 2003 et 2010, de se présenter une troisième fois.