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Les autorités nigérianes se disent ouvertes aux pourparlers avec le groupe Boko Haram, auteur du rapt de 276 lycéennes dans le nord-est du pays, il y a un mois jour pour jour.
Alors qu’hier encore, le gouvernement nigérian écartait toute possibilité de dialogue avec le Boko Haram, soulignant que ce n’était pas à ce dernier et aux insurgés " de poser leurs conditions ", il décide finalement de changer de ton et affirme être " prêt à discuter de tous les problèmes ". " Celui des lycéennes enlevées à Chibok en font partie ", a précisé ce mercredi le ministre nigérian des Affaires spéciales, Taminu Turaki.
Ce revirement peut-il être imputé à une quelconque pression de la part de la communauté internationale ?
L’arrivée à Abuja du général David Rodriguez, commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) et le Sommet annoncé ce samedi à Paris pourraient avoir eu raison sur l’idéale nigériane, celle de ne cautionner aucune ingérence étrangère, estime la presse africaine. Il faut aussi noter l’engagement promis par la Grande-Bretagne, la Chine ou encore Israël en vue de la libération des otages.
Depuis quelques jours, des avions de l’armée américaines survolent en permanence le nord-est du Nigeria, fief du groupe radical, à la recherche d’indices qui peuvent servir au cours des opérations.
"Nous avons partagé des images de satellites commerciaux avec les Nigérians et nous effectuons des vols, avec pilotes, d’espionnage, de surveillance et de reconnaissance au-dessus du Nigeria, avec la permission du gouvernement ", a confié sur Jeune Afrique un haut responsable.
Par ailleurs, face aux exactions du Boko Haram, dont le chef entend échanger les filles n’ayant pas accepté de se convertir à l’islam avec des prisonniers, le président nigérian a demandé à ce que soit prolongé l’état d’urgence décrété depuis un an dans les principaux fiefs de la secte.
Dapo Thomas, expert politique de l’Université de l’État de Lagos, réagit à ce propos et craint que cette mesure ne se solde à nouveau par un échec, comme cela a déjà été le cas. " L’état d’urgence n’a pas été en mesure de bloquer l’insurrection de Boko Haram. En fait, la secte est devenue plus dangereuse et mortelle (...) Le gouvernement ne devrait pas continuer de limiter la liberté de la population " avec de tel dispositif, estime-t-il donc.