Accusé d’avoir joué "un rôle direct" dans le génocide de Rwanda par le président Kagame, Paris décide finalement de se faire représenter aux commémorations de ce jour par son ambassadeur.
Le Rwanda commémore ce lundi les 20 ans du génocide de 1994, un drame auquel Paris aurait joué un " rôle direct ", notamment dans " la préparation" de cette guerre tribale, d’après le président local Paul Kagame.
Outrée par ces accusations, la France a décidé samedi de ne pas envoyer sur place la ministre de la Justice qui devait représenter le pays, une disposition qui a suscité de vives réactions de la part des autorités rwandaises.
Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, estime que cette décision est "
injustifiée ".
" C’est malheureux parce que l’histoire est l’histoire. Le peuple français en général ne devrait pas être tenu dans l’ignorance de ce que certains responsables français ont fait " au Rwanda, a-t-elle ajouté. " Pour que nos deux pays commencent réellement à s’entendre ", estime la ministre locale, " nous allons devoir regarder la vérité en face ".
"
Il est impossible pour nos deux pays d’avancer, si la condition est que le Rwanda doive oublier son histoire pour s’entendre avec la France (...) Nous ne pouvons avancer au détriment de la vérité historique du génocide ", a-t-elle encore asséné.
Après avoir dit " regretter de ne pouvoir prendre part aux commémorations ", Paris décide finalement de se faire représenter par Michel Flesch, ambassadeur français au Rwanda depuis 2012. L’annonce a été faite dimanche par le Quai d’Orsay.
Les propos accusateurs du président rwandais, publiés récemment dans Jeune Afrique, a provoqué un véritable tollé à Paris." Il serait aujourd’hui intolérable que nous soyons désignés comme les principaux coupables ", a écrit sur son blog Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, relate Nouvel Observateur. Il a appelé solennellement " le Président de la République et le gouvernement français à défendre sans ambiguïté l’honneur de la France, l’honneur de son Armée, l’honneur de ses diplomates ". " La communauté internationale a failli, c’est un fait. Elle a été incapable de prévenir et d’arrêter le génocide. Mais la communauté internationale, ce n’est pas la France seule et la France a été la seule puissance à agir ", a-t-il soutenu.
Régissant à l’absence du gouvernement français aux cérémonies de commémoration de ce lundi, les Jeunes Socialistes du MJS estime qu’il s’agit d’une " erreur indigne de la France ". " Malgré la dureté des déclarations du président rwandais Paul Kagame, la gauche au pouvoir rate une occasion de faire la lumière sur ses fautes passées ", estime l’association dans une déclaration relayée par Europe1.
Le génocide au Rwanda a débuté en avril 1994 pour ne s’achever que trois mois plus tard. Selon l’ONU, 800 000 Rwandais, essentiellement des Tutsi, ont été tués au cours de cette guerre tribale.