Des chercheurs britanniques ont démontré que le tabagisme causerait plus rapidement un déclin mental chez les hommes que chez les femmes en vieillissant. Les détails.
Fumer est de plus en plus reconnu comme un facteur de risque de démence chez les personnes âgées, particulièrement chez les hommes. Une étude britannique publiée lundi 6 février dans la revue américaine Archives of General Psychiatry, révèle que la consommation de tabac se traduit à long terme par des pertes de mémoire, du mal à utiliser des connaissances passées pour agir au moment présent et des difficultés à parvenir à un but.
Selon Severine Sabia de l'University College London, principal auteur de cette communication, l’étude montre un lien entre le fait de fumer et la détérioration des capacités intellectuelles surtout à des âges avancés. Elle souligne : « ce lien est sous-estimé, ce qui présente un risque plus élevé de mortalité parmi les fumeurs vieillissants ». Les fumeurs masculins connaissent un déclin de leurs capacités mentales plus rapide que les non-fumeurs.
Ce phénomène de déclin mental n’a pas été observé chez les femmes. Mais les raisons de la différence entre les deux sexes ne sont pas très claires. Les auteurs de cette recherche avancent comme facteurs parmi d’autres le fait que les hommes fument souvent davantage que les femmes.
Les risques de déclin mental sont aussi élevés pour ceux qui continuent à fumer que pour les anciens fumeurs, qui ont arrêté depuis dix ans. Seuls ceux qui ont renoncé à la cigarette depuis plus longtemps n'ont pas montré de recul aussi net de leurs capacités mentales dans les tests. Ceux qui ont continué à fumer durant la période de suivi ont eu de mauvais résultats à tous les tests.
Pour en arriver à ce constat, les auteurs de ces travaux ont examiné le lien entre le nombre d’années de tabagisme et le déclin des capacités mentales dans la période de transition chez les personnes d’âge moyen jusqu’à la vieillesse.
En effet, les travaux ont été basés sur des données recueillies auprès de 5 099 hommes et 2 137 femmes qui avaient l'âge médian de 56 ans au moment de la première évaluation de leurs capacités mentales. Les chercheurs ont utilisé six critères pour déterminer le degré de tabagisme sur 25 ans et effectué trois mesures des capacités mentales sur environ 10 ans.
Selon le Dr Marc Gordon, chef du service de neurologie à l'hôpital Zucker Hillside Hospital (Etat de New York), qui n'a pas participé à cette recherche, l’étude menée par ses confrères montre que le tabac est mauvais pour le cerveau. Il souligne « Le tabagisme à un âge moyen est un risque évitable qui correspond grosso modo à un vieillissement (prématuré) de dix ans sur l'échelle du déclin intellectuel ».
En 2010, le nombre de cas de démence était estimé à 36 millions et continue à augmenter fortement, avec un doublement attendu tous les 20 ans, soulignent les auteurs de l’étude. L’importance d’arrêter de fumer le plut tôt possible.