Dans les pays industrialisés 20% des salariés occupent des postes pour un travail de nuit. Pourtant, travailler lorsque le corps a besoin de repos a des conséquences graves sur la santé. Faisons le point.
Est considérée comme travail de nuit, toute activité effectuée durant la plage horaire de 23h00 à 6h00. Selon une étude canadienne, 70% des travailleurs de nuit tolèrent cet horaire pendant un certain temps, tandis que les 30% restant présentent des problèmes sévères qui les obligent rapidement à abandonner ce type de travail.
Infirmières, gardiens, médecins affectés aux urgences, internes, serveurs de restaurants, gérants de boîtes de nuit, journalistes, routiers, boulangers… ils travaillent tous la nuit. Ils adoptent leurs horaires décalés à leur quotidien et c’est leur vie sociale et familiale ainsi que leurs rythmes biologiques (rythme circadien) qui en souffrent. Quand les autres dorment, se reposent ou s’amusent, les « actifs de la nuit », doivent se concentrer, et rester vigilants.
Si l’adaptation du travailleur à ces contraintes horaires est possible, le travail prolongé de nuit présente toutefois des risques pour la santé des salariés. À court terme, les principaux effets sur la santé du travail de nuit sont les troubles du sommeil liés à des facteurs chronobiologiques, et un manque chronique de sommeil. Le sommeil diurne est moins réparateur car plus court, perturbé par les éléments extérieurs, fractionné et caractérisé par l’absence de sommeil paradoxal. La consommation de médicaments pour aider au sommeil ou rester éveillé est en outre plus élevée chez les salariés de nuit, entraînant une addiction à ces types de médicaments.
Le manque de repos est alors source de fatigue chronique, d’irritabilité, de stress et de dépression. Les répercussions sur l’alimentation sont également sévères. D’ailleurs, la prise de poids est plus élevée en cas de travail de nuit car toute l’alimentation est désorganisée : choix des aliments (trop de graisses et de sucreries), horaires décalés des repas, conditions inappropriées des prises des repas… Tout cela entraîne alors des troubles digestifs important et un déséquilibre nutritionnel.
A long terme, le manque de sommeil et le manque d’aliments nutritifs favorisent le risque de développer des maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, certaines études évoquent une probabilité plus élevée de cancers, notamment du sein et colorectal. Au fil du temps, le travail de nuit provoque un vieillissement prématuré de l’organisme.
Comment limiter ces risques ? Le changement d’horaire est bien entendu conseillé. Néanmoins, quelques conseils pratiques peuvent aider les travailleurs de nuit à maintenir une vie saine :
-Conserver une alimentation diversifiée et respecter les trois repas par jour
-Prévoir une collation de nuit en évitant les graisses et en favorisant les protéines et les glucides
-Eviter le café : bien qu’il stimule, à haute dose il peut entraîner des troubles de la digestion, du rythme cardiaque et du sommeil
-Boire régulièrement de l’eau tout au long de la nuit
-De retour à la maison et avant d’aller dormir, prendre un petit-déjeuner léger comprenant une boisson chaude sucrée (chocolat chaud ou infusion). Au lever, prendre le repas de midi.