Eugénie Blanchard, devenue la doyenne de l’humanité mardi après le décès de la japonaise Kama Chinen, est une religieuse retraitée de l’île antillaise de Saint-Barthélémy âgée de 114 ans.
POINTE-A-PITRE (AFP) - Eugénie Blanchard, devenue la doyenne de l’humanité mardi après le décès de la japonaise Kama Chinen, est une religieuse retraitée de l’île antillaise de Saint-Barthélémy âgée de 114 ans.
Depuis plus d’un quart de siècle elle réside dans un hôpital de Gustavia, petit port et unique commune de "Saint-Barth", son île natale, située à 250 km au nord de la Guadeloupe, où elle est revenue après une vie dans un couvent de Curaçao.
Sixième d’une famille de 13 enfants, elle en est la "seule survivante", confiait en mai 2008, lors d’une rencontre avec l’AFP, un de ses neveux, Daniel Blanchard, 64 ans.
Aujourd’hui synonyme de plaisirs luxueux, aux rues accueillant plus de joailliers que d’épiciers, "Saint-Barth" fut naguère une île de grande misère, car aride et isolée, poussant à l’exil nombre de ses enfants. La canne à sucre ne pouvait y être cultivée.
Eugénie quitta à 26 ans sa terre natale pour un couvent dans l’ancienne colonie hollandaise de Curaçao.
"Tout le monde, à Saint-Barth, l’appelle Douchy", déclarait il y a deux ans Daniel Blanchard, ancien maire et conseiller général de Saint-Barthélemy.
"C’est un mot papiamento, le créole des îles hollandaises, qui désigne les bonbons et douceurs sucrées : quand elle est rentrée à Saint-Barth la retraite venue, elle proposait des bonbons aux enfants en leur disant ’douchy, douchy’. Le nom lui est resté".
"Elle avait accepté de donner sa virginité au bon dieu", plaisante-t-il pour expliquer cette longévité extraordinaire.
Le père de Daniel Blanchard, frère d’Eugénie, est mort à 93 ans.
A son retour, "La Douchy" a vécu chez elle, dans une des petites maisons typiques de Saint-Barth, colonie d’abord française puis suédoise jusqu’à sa rétrocession à la France en 1877. Elle est aujourd’hui collectivité d’outre-mer après un "divorce" à l’amiable d’avec la Guadeloupe à laquelle elle était rattachée jusqu’en 2007.
"Avec l’âge, La Douchy a été admise à l’hôpital", racontait son neveu, que l’AFP n’avait pu joindre mardi, précisant que la doyenne, clouée dans une chaise roulante, ne reconnaît plus ses proches mais "apprécie toujours sa coupe de champagne, au moins à chacun de ses anniversaires", le 16 février.
Eugénie Blanchard est devenue mardi la doyenne de l’humanité, après le décès à une semaine de son 115e anniversaire de la japonaise Kama Chinen, détentrice du titre, selon le Groupe de recherche en gérontologie, faisant autorité sur la longévité des centenaires.
L’actuel doyen des hommes français est également un Antillais. Il s’agit du Guadeloupéen Philibert Parnasse, âgé de 109 ans, devenu doyen après le décès le 31 décembre dernier de Félix Maximilien Rostaing dans les Landes.
Jusqu’à présent la Française Jeanne Calment, décédée en 1997 à l’âge de 122 ans, 5 mois et 14 jours, est considérée comme la personne ayant vécu le plus longtemps et dont la naissance a pu être établie de manière certaine.