Didier Grand, directeur général du Crédit Agricole est visé par une plainte pour injures publiques racistes. Deux syndicats lui reprochent ses dires, qui auraient visé la communauté tamoule, lors d’une réunion du personnel au mois de décembre. Le parquet de Saint-Denis a ouvert une enquête.
Le Directeur général du Crédit Agricole est au coeur d’une polémique. Lors d’une réunion devant plus de 500 personnes, il a présenté une diapositive. Sur celle-ci, il était possible d’apercevoir un salarié d’origine tamoule. L’homme était entouré des mots "Vilain", "Vantard" et "Voleur". Une situation qui ne passe pas du tout du côté des syndicats.
"Les salariés sont nombreux à nous avoir remonté leur indignation. Ils ont été vexés suite à cette réunion. Nous défendons les salariés et l’image du Crédit Agricole qui risque d’être entachée par la communication inappropriée du Directeur général", explique Mathis Ramsamy, Délégué syndical sudcam réunion Crédit Agricole.
Une plainte collective pour injure publique à caractère raciste a été déposée à l’encontre de Didier Grand, Directeur général du Crédit Agricole de La Réunion.
"On ne peut pas dire d’un malbar qu’il est voleur, c’est un fait délictueux. Cela veut dire que tous les malbars sont voleurs, est-ce que les gens aimeraient être traités de cette manière ?", interroge Léopoldine Settama-Vidon, avocate.
Selon les avocats du directeur, l’objectif était de saluer le travail du salarié représenté sur la diapositive, sans viser toute une communauté.
"Monsieur Grand n’a eu aucun propos à caractère raciste. Il a voulu aller à l’encontre de cette expression. Il voulait la transformer pour la réduire à néant, la rendre ridicule", explique Lucie Collot, Avocate de Didier Grand.
Mis en cause, Didier Grand dénonce une déformation de son discours. Le directeur général du Crédit Agricole assure que son discours visait tout au contraire à déconstruire des préjugés. Il tient également à rappeler son attachement à La Réunion, à Mayotte, ainsi qu’à leurs habitants. Il a tenu à faire valoir son droit de réponse.
« De Madagascar où je suis né, de la Réunion où j’ai grandi, j’ai forgé la conviction profonde que la richesse d’un territoire vient de sa diversité.
La diversité, véritable ouverture à toutes les palettes de cultures qui composent une population, a guidé mon parcours depuis plus de trente ans. J’ai ainsi choisi d’emblée de me mettre au service des territoires ultra-marins, A la Guadeloupe pour commencer, puis à la Martinique et en Guyane et à nouveau à la Réunion que j’ai retrouvée avec bonheur il y a maintenant deux ans.
Après toutes ces années dans les territoires ultra-marins, je crois sincèrement que c’est à la Réunion que cette diversité, source d’échanges, d’innovation et de créativité, est la plus forte, la plus vibrante.
Aussi, c’est profondément blessé et peiné que j’ai pu lire les articles et les accusations à mon encontre pour propos racistes qui auraient été tenus lors d’une réunion devant plus de 550 collaborateurs, le 8 décembre 2023.
Compte tenu de mon histoire personnelle, de mes valeurs, de mon attachement à la Réunion et à Mayotte, ainsi qu’à leurs habitants, je ne peux que démentir des accusations, très graves, et qui me touchent au plus profond de mon être.
Je réfute fermement avoir tenu des propos racistes à l’endroit de la communauté tamoule. Ces accusations portent sur des propos sortis de leur contexte, déformés, instrumentalisés. Tout au contraire, en prenant la parole ce jour-là devant une large assemblée, je tenais à dénoncer les préjugés et les idées reçues et affirmer mon engagement pour l’universalité, pour l’accès de tous à tous les services, dans le respect de chacun.
Je remercie sincèrement les collaborateurs, les administrateurs, les élus, les clients, nombreux, qui m’ont fait parvenir des messages d’amitié et de soutien. Ils connaissent mon engagement auprès de tous, et mon attachement à notre territoire pour contribuer à son développement et à son rayonnement.
Ils connaissent mes valeurs et mon respect profond pour la diversité.
Cette diversité qui fait de la Réunion une terre que j’aime profondément. »
Cette polémique a dépassé les murs de l’entreprise. Le représentant de la fédération tamoule et le député Jean-Hugues Ratenon condamnent ces propos. Une plainte a été déposée le 26 mars dernier au parquet de Saint-Denis.